Regards sur Micberth - Mot-clé - Alphonse BoudardCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLire et relire Parazurn:md5:dbc800542cf19342b882e1fc5fb6ae6d2016-05-08T14:54:00+01:002016-05-08T16:07:23+01:00AMIci et làAlbert ParazAlphonse BoudardArlettyBertrand Poirot-DelpechBloy (Léon)CélineDrieu la RochelleJean JaurèsJean-Paul SartreLucette AlmanzorMicberth <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Lorsqu’on dit, au hasard d’une conversation mondaine <em>Valsez saucisses !</em>, <em>Le Menuet des haricots !</em> ou encore <em>Bitru ou les vertus capitales</em> !, on
est regardé comme un aruspice qui adoniserait sa victime en lui enfonçant dans
le figne un bouquet de calcéolaires. Non que <st1:personname productid="la Scrofulariac←e" w:st="on">la Scrofulariacée</st1:personname> fût
en général choquante à la vue de l’esthète, mais que là, spécifiquement, elle
n’eût évoqué rien de symbolique, laissant l’observateur dans une dérangeante
perplexité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Par contre, si l’on dit <em>Le Gala des vaches !</em>, le coryphée de service ne manquera pas
d’assommer l’auditoire avec force références littéraires propres à endormir la
meilleure volonté. Il est de bon ton, à la suite de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taha_Hussein">Taha Hussein</a>, de comparer
le poète libertin musulman <a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/al-mutanabbi/1-du-poete-revolte-au-panegyriste-de-cour/">Al-Mutanabbi</a> à Nietzsche, comme il reste convenable
d’affirmer que <a href="http://louisferdinandceline.free.fr/indexthe/paraz/signac.htm">Paraz</a> fut le « Lamanièredeux » privilégié de L.-F.
Céline, le « pilleur d’épaves », comme l’écrivait – sans saisir
l’injure pour Céline – le brave docteur Camus. A cela Paraz répondait : <em>« Je suis poli avec vous, moi, espèce
de Camus. Dans Camus, il y a cabot, Caïn, Caïphe, Caligula, catin, canaille,
cautèle et cavon. L’onomastique est une science. »</em> J’ai en mémoire la
moue dégoûtée de Lucette, veuve de Ferdine, après que je lui ai parlé d’Albert
Paraz* : <em>« Louis (Céline) avait
pris en pitié ce pauvre type sans talent qui, comme beaucoup d’autres,
profitait de la situation pour nous piller et mieux se faire
connaître ! » </em>Cela dit vingt ans plus tard par la dame, entre
deux ouisquis et à votre serviteur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Mouais. Je veux bien, mais il faudrait qu’un érudit
m’expliquât pourquoi <a href="http://micberth.org/index.php?post/2013/07/31/Micberth-et-C%C3%A9line">Céline</a> affirmait dans de nombreuses lettres que Médème
Lucette mouillait méchamment, en feuilletant les derniers envois de
Paraz ? Pourquoi ce dernier fut convié chez les parents d’icelle qui, pour
un temps, servirent de boîte aux lettres agréée ? Pourquoi <a href="http://letempsrevient.hautetfort.com/tag/arletty">Arletty</a> fut
dépêchée au chevet de Paraz pour compléter le triptyque de ce qui apparaît
aujourd’hui comme la structure d’une amitié sincère ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Or <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Paraz">Paraz</a> était un grand écrivain qui n’a, certes, pas
laissé une oeuvre comparable à celle de Céline, mais qui avait su trouver avant
TOUS les autres un ton et un style extraordinaires. Ah ! le style...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Par perversité et au hasard, j’ai extirpé de ma
bibliothèque une dizaine d’auteurs : Malraux, Larbaud, Vian, Camus, Vigny,
Balzac, Drieu, Supervielle, etc. Chez chacun j’ai relu quelques pages. Chiantes
à mourir. Seul <a href="http://www.lepoint.fr/culture/ce-que-l-on-ne-pardonne-pas-a-drieu-la-rochelle-25-04-2012-1455134_3.php">Drieu <st1:personname productid="la Rochelle" w:st="on">la
Rochelle</st1:personname></a>, avec son <em>Charleroi,</em>
sortait du lot et m’a tenu éveillé jusqu’à l’aube et... ce n’est pourtant pas
son chef-d’oeuvre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Avec désinvolture, puissance et savoir-faire, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Paraz">Paraz</a>
écrasait tous ces besogneux de la plume, tous ces échaumiers du verbe chez qui
on sent la capricante instabilité de la concordance des temps, la cautèle
farineuse du substantif, l’essoufflement sibilant et presque agonique des
épithètes et le bricolage entremichonné du plan.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Prose idiotifiante qui s’attrape les pinglots dans le
moindre lacs et qui s’en dépêtre avec mollesse sans pugnacité aucune. On se
fout du contenu qui s’articule toujours autour des mêmes trouduculages (mes
pères écrivaient <em>trouducutages</em>), mais
le style, ah ! le style ! L’oblation de Dieu à l’écriveur !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Tous : Céline, Rebatet, Paraz, etc., se
reconnaissaient un maître, celui devant lequel, en signe d’allégeance,
j’enfonce volontiers mes genoux dans la marne (pas celle décrite par Verlaine
et qui décorait le gentil prose de Rimbaud : l’engrais !). L’homme de
l’Art avec un A majuscule, que les jaloux foireux se sont plu à microscopiser,
le chevalier de l’absolu, l’adorateur du Beau, le génie que je solennise chaque
seconde de ma vie, celui qui me fait l’âme turgide, c’est à-dire <em>le mendiant ingrat</em>, <a href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2015/06/07/celine-bloy-5619445.html">Léon Bloy</a>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Justement, le reste n’est que littérature...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Car, comme le disait Jean Jaurès, <em>« Les hommes mêlés à la grande action reçoivent de la vie des
lumières pénétrantes sur les grandes oeuvres de l’esprit où circule une vie
secrète. Toutes les forces de l’esprit humain et de l’action humaine se
rejoignent, se complètent, s’interpénètrent les unes les autres. » </em>(Moi
citant Jaurès, on aura tout lu !)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Il faut lire et relire Albert Paraz et, en
particulier, <em>Le Gala des vaches</em>, dans
lequel on retrouve Céline, Bernanos entre autres et mille anecdotes sur <st1:personname productid="la Lib←ration" w:st="on">la Libération</st1:personname> et ses
fornicateurs, maquisards de femmes liées. <a href="http://salon-litteraire.com/fr/louis-ferdinand-celine/review/1816280-albert-paraz-le-bal-d-un-maudit">Paraz</a>, créateur véritablement
original, bouffé par les B.K., obsédé par le Verne Résorcine, mène de son lit
d’hôpital le combat pour la réhabilitation de Céline. Et en prime, on nous
offre à la fin du livre la « lettre de Céline sur Sartre et
l’existentialisme » : <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_l%27agit%C3%A9_du_bocal">A l’agité
du bocal</a></em>. Branlée magistrale. Morceau d’anthologie. Céline pamphlétaire à
l’état brut, pourfendeur de souillasse et devin malgré lui. <em>Le Gala des vaches</em> a paru, je crois, en
1948 chez Elan et a été réédité chez Balland en 74, avec une préface d’<a href="http://andrepousse.free.fr/alphonse.htm">Alphonse
Boudard</a>. Cela ne s’imposait pas (pour l’élite), mais les petits soliveaux qui
vont enfin découvrir Paraz sauront au moins de quoi il retourne.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Et pour tous ceux qui adorent méphitiser leurs petits
neurones et demeurer résolument <em>bene
astrucum</em>, il reste l’oeuvre complète de <a href="http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/bertrand-poirot-delpech">Bertrand Poirot-Delpech</a>, dont le
talent<sup>1</sup> procure à l’esprit ce qu’un baiser de Laurent Fabius doit
laisser aux lèvres de l’honnête homme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Pour gerber, les cabinets sont à côté ! »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size: 10pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Note :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size: 10pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">1. <em>« Fallait-il
que j’ignore le malheur pour me plaindre d’en manquer. »</em> B. P.-D., <st1:personname productid="La Folle" w:st="on"><em>La Folle</em></st1:personname><em> de Lituanie</em>, Gallimard 1970. C’est beau
comme du A.C. Swinburne dans une traduction de Lola Tranec. Ah !
l’érudition...</span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-color: white;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:14.2pt;text-align:justify"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">(Source : Micberth in « Révolution droitiste »
n° 11, mars-avril 1982)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><o:p> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/.Paraz3_s.jpg" alt="Paraz3.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: GillSans; background: white;">NDLR : Un peu
de littérature ne fera de mal à personne. Pourquoi Paraz ? Et pourquoi
pas ? L’oeuvre de Paraz </span></em><em style="text-indent: 18.9333px;"><span style="font-family: GillSans; background: white;">(<a href="http://www.lagedhomme.com/ouvrages/albert+paraz/le+gala+des+vaches+**+valsez+saucisses+**+le+menuet+du+haricot/3087">ses pamphlets notamment</a>) </span></em><em style="text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: GillSans; background: white;">a été plusieurs fois
rééditée depuis la publication de cet article et le personnage a fait l’objet
d’études diverses. Micberth a également sorti en 2004 un <a href="http://www.histoire-locale.fr/livre/DIVERS-CD008.html">CD d’entretien</a>
d’Albert Paraz avec Anne Brassié et Jacques Aboucaya (49 mn d’interview) qui
est toujours disponible.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: GillSans; background: white;">* Pour ce qui est
de la citation de <a href="http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Lucette-ombre-et-lumiere-de-Celine-506882">Lucette Almanzor</a> concernant Paraz, elle est tirée d’un
article publié en juin 1973 (« Lili, c’est Line ? ») dans « Actual-Hebdo »
n° 26, où Micberth raconte son entrevue avec Mme Céline à Meudon, en 1969.</span></em></p>Charlie, François, Eric et les autres...urn:md5:44eca32515ca11f3b42fb69ff475b0402014-02-01T23:45:00+00:002021-07-03T14:23:48+01:00AMIci et làA.D.G.Actual-HebdoAlbert ParazAlphonse BoudardautobusiaqueCharlie HebdoCéline (L.-F.)Eric AsudamFrançois CavannaHara-KiriJean Royerl école de ToursLouis-Ferdinand CélineMicberthnouvelle droiteNouvelle Droite française <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white"><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Cavanna">François
Cavanna</a> vient de partir. L’hommage des médias est unanime :
une grande plume vient de disparaître. Nous l’évoquions régulièrement ces
dernières années avec M.-G. Micberth, ce dernier estimant que l’écrivain n’avait
pas dans les années 2000 la place qu’il méritait et qu’on avait tendance à
l’oublier. En consultant les archives, je retrouve une lettre datée du 23
juillet 1976 où Micberth s’insurge contre Cavanna, à propos d’un article
concernant <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_Cavanna">Céline</a> : <em>« Quand
Alain Camille (<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/A._D._G.">A.D.G</a>.) écrivait – il y a bientôt dix ans – « Comment
devenir le troisième trou du cul de Céline », je crois qu’il te situait à
la première place, moi à la seconde et lui, le modeste, à la troisième. Paraz
était oublié et l’<a href="http://andrepousse.free.fr/alphonse.htm">Alphonse</a> balbutiait. Aujourd’hui, toi et A.D.G. faites une brillante carrière ; quant à moi, je n’intéresse plus que quelques
universiteux vicelards et masochistes. En tout cas, grâce à vous deux – entre
autres – la charogne de Céline se voit percée d’un demi-millier de trous du cul. »
</em>Convaincu que le « con » de Cavanna était le « juif »
de Céline, il ajoute : <em>« Beaucoup
d’entre nous faisaient du Céline avant même d’avoir ouvert un de ses livres,
c’est vrai. Mais avoue, toute honte bue, qu’il a affirmé notre volonté de nous
exprimer autrement, qu’il a permis de nous servir de la totalité du
vocabulaire, y compris des approximations, et de cette fameuse petite
musique... »</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white">Les échanges
entre Micberth et Cavanna seront souvent houleux durant les années 1970. Le
premier numéro d’« Actual » mensuel paraît en mai 1972. Quelques mois
plus tard, Micberth doit s’expliquer sur de supposées similitudes : <em>« C’était à redouter. Il y a des
mauvais esprits qui ont cru sentir chez nous des odeurs de </em>Hara-Kiri<em> ou de </em>Charlie Hebdo<em>. On va s’expliquer une bonne fois là-dessus et on n’y reviendra pas.
(...) Pendant dix ans, Cavanna a été emmerdé avec Céline. « Dis-le, allez
dis-le que tu dois tout à Céline, que t’es un sale rital plagiaire,
voleur ! » Comprenez que nous n’avons pas envie d’être emmerdés
pendant dix ans avec Cavanna et d’entendre les mêmes conneries. D’autre part,
nous avons commencé à déconner dans les mêmes époques que lui, les années 60,
Cavanna a « réussi », nous pas. Quand on écrivait merde en ce temps-là,
il se trouvait toujours un juge pour nous voler nos journaux et nous envoyer en
prison. J’exagère à peine. » </em></span><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">(« Actual »
n° 2, août-septembre 1972)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white">En février
1973 (« <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Actual-Hebdo">Actual-Hebdo</a> » n° 8), Micberth fait à nouveau une mise au
point sur sa parenté avec l’équipe de Charlie : <em>« Non, notre maître d’écriture n’est pas Cavanna. Nous respectons
l’écriture mais nous méprisons l’homme. Et cela pour des raisons que nous
n’avons pas à porter à votre connaissance, c’est-à-dire des raisons
personnelles. Le style <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Limeray">C.E.R.E.P</a>. (Centre d'études et de recherches expérimentales du Plessis) est en fait un succédané du style autobusiaque
J.F.P.F. (Jeune Force poétique française). Je vous assure bien que nous n’avons
pas attendu Cavanna pour écrire mal. Il y eut après Céline et au sortir de la
guerre, tout un courant d’écrivains illustres ou inconnus qui adopta
délibérément pour s’exprimer le langage parlé. Les années 60 virent deux
groupes originaux se révéler : l’équipe <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Hara-Kiri_(journal)">Hara-Kiri</a>, l’équipe <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Mouvement_autobusiaque">autobusiaque</a>.
Deux personnes aujourd’hui connaissent, l’une la célébrité, l’autre la
notoriété ; Cavanna pour l’équipe Hara-Kiri et Alain Camille dit A.D.G.
pour le groupe autobusiaque. (...) Pour me résumer je dirai que ces deux
courants de pensée ont accéléré considérablement l’évolution littéraire et
artistique occidentales. L’équipe Hara-Kiri opta délibérément pour la satire
bête et méchante d’extrême gauche ; le groupe autobusiaque se referma sur
lui-même et livra aux universitaires ses travaux. »</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white">Si le groupe
autobusiaque, appelé aussi « l’école de Tours », était apolitique et
militait pour une révolution des consciences, on ne peut dire qu’il penchait à
gauche. Dans son livre « <st1:personname productid="La France" w:st="on">La
France</st1:personname> marginale », paru en 1975, Irène Andrieu précisera :
« <span style="font-variant:small-caps">Actual-Hebdo</span>. A lire avant
ou après « Charlie » pour ceux qui commencent à en avoir assez de
« ne penser qu’à ça ». Actual est une entreprise de démolition
personnelle, Asudam est nerveux, mais les pronostics de cet anti-<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Professeur_Choron">Choron</a> tombent
diablement juste. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white"><o:p><span style="text-indent: 14.2pt;"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.Lettre_de_Cavanna_005_m.jpg" alt="Lettre_de_Cavanna_005.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></span></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="text-indent: 14.2pt; background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS;">Le 12
février 1973, Cavanna envoie une lettre à Eric Asudam (Micberth) en réponse à
sa précédente mise au point et exige sa publication.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size:10.0pt;font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:
white">Je relève dans le n° 8 de « Actual-Hebdo » (3.2.73) la phrase
suivante : « Non, notre maître d’écriture n’est pas Cavanna. Nous
respectons l’écrivain mais nous méprisons l’homme. Et cela pour des raisons que
nous n’avons pas à porter à votre connaissance, c’est-à-dire des raisons
personnelles. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size:10.0pt;font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:
white">C’est signé « Eric ». Je suppose qu’il s’agit de l’Eric Asudam
dont le nom figure à la rubrique « rédaction ». Alors je somme l’Eric
en question de donner ces raisons, car moi je suis le Cavanna en question, et
je n’ai pas l’intention de laisser passer cette petite lâcheté sans réagir.
Vous allez donc, plaise ou non, expliquer à vos lecteurs ce qui entraîne ce
mépris à mon égard. Et on verra ce qu’il en est, on pourra causer. Démolir
quelqu’un par allusions est un peu trop commode, non ? J’attends donc la
publication intégrale de ma lettre dans votre journal ainsi que votre réponse.
Je vous signale en passant que c’est mon droit le plus strict et que je n’ai
pas l’intention de m’en priver.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size:10.0pt;font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:
white">Ceci dit, et de toute façon, je vous emmerde. </span><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; font-size: 10pt; text-indent: 14.2pt;">Signé : Cavanna.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">Micberth
publie donc cette lettre dans « Actual-Hebdo » n° 13 (3 mars 1973),
avec une réponse dont voici un extrait.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white">« Mouche-toi Cavanna. Qui est morveux se.
« Plaise ou non », dis-tu. Oh l’osé ! Crois-tu folliculaire
matuvu que je ploie comme ça devant pareille jean-foutrerie ? J’ai deux
cents livres de bonne et saine graisse qui me mettent à l’abri des sautillants
plumitifs qui prennent allègrement l’honnêteté pour un sphincter anal et qui se
mouchent avec. Si tu comprends pas tout très bien, je t’expliquerai doucement.
Je pensais, délicat comme je suis, que le respect que j’éprouvais pour le grand
écriveur Cavanna était incompatible avec le déballage de mes griefs personnels.
L’homme pouah !</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white">« Tu les veux beau blond ? Les voilà.
Un peu d’histoire pour nous rajeunir la mémoire. En 1964, toi ou tes petits
copains proposaient des accords de réciprocité à « L’Homère
d’alors », brûlot en gestation pour lequel j’avais été pressenti comme
rédacteur en chef. Jusque-là rien à dire, sinon qu’on t’aimait bien. Rien ne se
fit. Quelques mois passèrent puis nous entrâmes dans l’aventure exaltante de <st1:personname productid="la Jeune Force" w:st="on"><st1:personname productid="la Jeune" w:st="on">la Jeune</st1:personname> Force</st1:personname> poétique française,
action multiforme qui nous permit d’être partout les premiers et qui nous vit
fiers de l’être. (Ris pas). Mais les pouvoirs publics et la cohorte ne
tardèrent pas à nous tomber sur le poil. Même les journalistes parisiens les
plus engagés se rangèrent aux côtés de la gueuserie et nous décrétèrent
inadmissibles. Tandis que <a href="http://lacolonnedefer.wordpress.com/2012/03/01/une-statue-de-jean-royer-dans-le-centre-ville-de-tours-non-merci/">Jean Royer</a> accomplissait son apprentissage de chevalier
du noble esprit sur nos jeunes cuirs, les inculpations pleuvaient. Dangereux
pour Hachette, pour les NMPP, pour la famille. Des pestiférés nous étions, les
lépreux du langage. Et les rares papiers des journalistes partisans étaient
bloqués au marbre par les rédacteurs en chef, puis fondus. Nous crevions de
faim, de rage, de haine. Un seul type pouvait nous aider : le pimpant
Cavanna. Suffisamment de ventre le bougre, défiant dans ses colonnes l’ordre
bourgeois. Confiance et respect. Après tout, un court papier de Cavanna et tout
s’enchaînerait. C’était alors notre logique et surtout notre espoir. (...)</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.actual_hebdo_12_recto_m.jpg" alt="actual_hebdo_12_recto.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white">« Miteux, sans tripes et tout bouffés par
les vers, nous avons sollicité. Siou plaît, un peu de justice. Oh
attention ! Pas aide et assistance, justice. Pas encouragements, justice.
Pas soutien ni reconnaissance, justice.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white">« Cavanna le pape tourna la tête, beurk,
un oeil collé sur les résultats des ventes des NMPP, l’autre matant par la
fenêtre l’horizon champenois, la vallée de l’Aube et au-delà, la forêt gauloise
qui vit les légions de César poursuivre Vercingétorix par-dessus la plaine et
les bois, les hauteurs du versant opposé et les fonds sauvages où la forêt
enveloppe le site comme la mer bat le promontoire. Le troisième ? Le troisième
je m’en souviens plus au juste. C’en était trop ! Pourtant je regardais
bien les petits caractères dans « Hara-Kiri ». Cavanna soutenait tout
et tous, même les choses sans importance. Pas nous.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white">« Tu comprends, cher Directeur, pourquoi
je ne tenais pas spécialement à parler de tout cela, de mes sales jalousies. Tu
me diras « ben mince, on a bien le droit d’accepter ce que l’on veut et de
repousser le reste ! » C’est vrai. Mais bon dieu, ne te présente plus
alors comme l’écrivain public des torturés et le Saint-Just de la presse
gauchiste ! (...) »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS;
color:#333333;background:white"><o:p> </o:p></span></em><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">En juillet
1979 (l’été de la nouvelle droite), alors responsable du service de presse de </span><st1:personname productid="la Nouvelle Droite" w:st="on" style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"><st1:personname productid="la Nouvelle" w:st="on">la Nouvelle</st1:personname> Droite</st1:personname><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"> française,
j’eus Cavanna au téléphone (le 18 juillet). Sur son invitation, j’avais envoyé
un article de Micberth situant </span><st1:personname productid="la NDF" w:st="on" style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">la
NDF</st1:personname><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"> dans le débat, pour publication dans la rubrique
« Radio Libre » de « Charlie Hebdo ». Cet article reprenait
un texte antimilitariste intitulé « Nier l’armée », publié quelques
années plus tôt dans « Le Réfractaire » par <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/May_Picqueray">May Picqueray</a>. Cavanna me
déclara qu’il ne pouvait tout publier : « J’ai pas envie d’avoir un
procès. On en sort, j’ai pas envie de recommencer. » Aussi le passage
fut-il « supprimé » et présenté dans le chapeau de l’article comme
une « enfilade d’injures d’une violence telle que, si nous le publiions,
même en citant les auteurs, nous n’y couperions pas d’une nouvelle condamnation
en correctionnelle. C’est déjà pas drôle de se faire fesser pour ce qu’on a
écrit, mais aller en taule pour la (vraie de vraie) Nouvelle Droite, pas question ! »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.radio_libre_m.jpg" alt="radio_libre.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white">Ce à quoi
Micberth répondit dans un courrier daté du 23 juillet 1979 : <em>« Que tu me caviardes (par deux fois
d’ailleurs, une seule mentionnée), je m’en branle. Tu es chez toi, tu fais
c’que tu veux. Il faudra simplement à l’avenir modifier légèrement le titre de
ta rubrique : Radio « presque » libre. (...) Chiés par la
droite, vomis par la gauche, impubliables dans « Charlie Hebdo »,
nous voilà plutôt mal barrés ! »</em> Et pour terminer sa lettre, en
réponse à une éventuelle inquiétude de la montée d’une extrême droite, Micberth
proposait l’asile à Cavanna : <em>« Blond
aux yeux verts, Breton depuis la nuit des temps, moi dans l’fond, je m’en tape.
J’échapperai probablement aux hordes de nazillons. Mais toi Cavanna, un
tantinet métèque, par le papa Rital, si je comprends bien tu devrais commencer
à t’oublier dans ton pantalon (Il faut entendre par métèque tout individu né en
dessous de <st1:personname productid="la Loire" w:st="on">la Loire</st1:personname>).
Tu sais maintenant que s’ils se mettent après ton cul, tu pourras toujours
trouver refuge chez nous ; nous te cacherons dans la cave. »</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS;color:#333333;background:white"><o:p> </o:p></span><span style="background-color: white; color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">« Je
vends pas des idées, je sauve pas mon âme, moi », m’avait déclaré Cavanna.
Il n’empêche qu’il avait un énorme talent littéraire que Micberth appréciait. Pour conclure, je voudrais reprendre l’hommage que ce dernier lui
avait rendu dans son courrier 23 juillet 1976 (cité plus haut) : </span><em style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">« Allez, au plan de l’écriture, l’ombre
du gigantesque Ferdinand ne t’ôte rien. Voilà déjà bien des années que les
anthologues distingués fouissent dans ta production avec des cris de verrat. Tu
finiras glorieux. Plus personne n’en doute. J’écris ça avec une tristesse
jalouse et résignée. (Tu peux remplacer tristesse par tendresse. Question de
pudeur ! »</em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; background-color: rgb(255, 255, 255);">Les pronostics de Micberth tombent diablement juste...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="color: rgb(51, 51, 51); font-family: TimesNewRomanPS; background-color: rgb(255, 255, 255);"><br /></span></p>