Regards sur Micberth - Mot-clé - Bertrand Poirot-DelpechCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLire et relire Parazurn:md5:dbc800542cf19342b882e1fc5fb6ae6d2016-05-08T14:54:00+01:002016-05-08T16:07:23+01:00AMIci et làAlbert ParazAlphonse BoudardArlettyBertrand Poirot-DelpechBloy (Léon)CélineDrieu la RochelleJean JaurèsJean-Paul SartreLucette AlmanzorMicberth <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Lorsqu’on dit, au hasard d’une conversation mondaine <em>Valsez saucisses !</em>, <em>Le Menuet des haricots !</em> ou encore <em>Bitru ou les vertus capitales</em> !, on
est regardé comme un aruspice qui adoniserait sa victime en lui enfonçant dans
le figne un bouquet de calcéolaires. Non que <st1:personname productid="la Scrofulariac←e" w:st="on">la Scrofulariacée</st1:personname> fût
en général choquante à la vue de l’esthète, mais que là, spécifiquement, elle
n’eût évoqué rien de symbolique, laissant l’observateur dans une dérangeante
perplexité.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Par contre, si l’on dit <em>Le Gala des vaches !</em>, le coryphée de service ne manquera pas
d’assommer l’auditoire avec force références littéraires propres à endormir la
meilleure volonté. Il est de bon ton, à la suite de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Taha_Hussein">Taha Hussein</a>, de comparer
le poète libertin musulman <a href="http://www.universalis.fr/encyclopedie/al-mutanabbi/1-du-poete-revolte-au-panegyriste-de-cour/">Al-Mutanabbi</a> à Nietzsche, comme il reste convenable
d’affirmer que <a href="http://louisferdinandceline.free.fr/indexthe/paraz/signac.htm">Paraz</a> fut le « Lamanièredeux » privilégié de L.-F.
Céline, le « pilleur d’épaves », comme l’écrivait – sans saisir
l’injure pour Céline – le brave docteur Camus. A cela Paraz répondait : <em>« Je suis poli avec vous, moi, espèce
de Camus. Dans Camus, il y a cabot, Caïn, Caïphe, Caligula, catin, canaille,
cautèle et cavon. L’onomastique est une science. »</em> J’ai en mémoire la
moue dégoûtée de Lucette, veuve de Ferdine, après que je lui ai parlé d’Albert
Paraz* : <em>« Louis (Céline) avait
pris en pitié ce pauvre type sans talent qui, comme beaucoup d’autres,
profitait de la situation pour nous piller et mieux se faire
connaître ! » </em>Cela dit vingt ans plus tard par la dame, entre
deux ouisquis et à votre serviteur.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Mouais. Je veux bien, mais il faudrait qu’un érudit
m’expliquât pourquoi <a href="http://micberth.org/index.php?post/2013/07/31/Micberth-et-C%C3%A9line">Céline</a> affirmait dans de nombreuses lettres que Médème
Lucette mouillait méchamment, en feuilletant les derniers envois de
Paraz ? Pourquoi ce dernier fut convié chez les parents d’icelle qui, pour
un temps, servirent de boîte aux lettres agréée ? Pourquoi <a href="http://letempsrevient.hautetfort.com/tag/arletty">Arletty</a> fut
dépêchée au chevet de Paraz pour compléter le triptyque de ce qui apparaît
aujourd’hui comme la structure d’une amitié sincère ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Or <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Paraz">Paraz</a> était un grand écrivain qui n’a, certes, pas
laissé une oeuvre comparable à celle de Céline, mais qui avait su trouver avant
TOUS les autres un ton et un style extraordinaires. Ah ! le style...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Par perversité et au hasard, j’ai extirpé de ma
bibliothèque une dizaine d’auteurs : Malraux, Larbaud, Vian, Camus, Vigny,
Balzac, Drieu, Supervielle, etc. Chez chacun j’ai relu quelques pages. Chiantes
à mourir. Seul <a href="http://www.lepoint.fr/culture/ce-que-l-on-ne-pardonne-pas-a-drieu-la-rochelle-25-04-2012-1455134_3.php">Drieu <st1:personname productid="la Rochelle" w:st="on">la
Rochelle</st1:personname></a>, avec son <em>Charleroi,</em>
sortait du lot et m’a tenu éveillé jusqu’à l’aube et... ce n’est pourtant pas
son chef-d’oeuvre.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Avec désinvolture, puissance et savoir-faire, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Albert_Paraz">Paraz</a>
écrasait tous ces besogneux de la plume, tous ces échaumiers du verbe chez qui
on sent la capricante instabilité de la concordance des temps, la cautèle
farineuse du substantif, l’essoufflement sibilant et presque agonique des
épithètes et le bricolage entremichonné du plan.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Prose idiotifiante qui s’attrape les pinglots dans le
moindre lacs et qui s’en dépêtre avec mollesse sans pugnacité aucune. On se
fout du contenu qui s’articule toujours autour des mêmes trouduculages (mes
pères écrivaient <em>trouducutages</em>), mais
le style, ah ! le style ! L’oblation de Dieu à l’écriveur !</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Tous : Céline, Rebatet, Paraz, etc., se
reconnaissaient un maître, celui devant lequel, en signe d’allégeance,
j’enfonce volontiers mes genoux dans la marne (pas celle décrite par Verlaine
et qui décorait le gentil prose de Rimbaud : l’engrais !). L’homme de
l’Art avec un A majuscule, que les jaloux foireux se sont plu à microscopiser,
le chevalier de l’absolu, l’adorateur du Beau, le génie que je solennise chaque
seconde de ma vie, celui qui me fait l’âme turgide, c’est à-dire <em>le mendiant ingrat</em>, <a href="http://vouloir.hautetfort.com/archive/2015/06/07/celine-bloy-5619445.html">Léon Bloy</a>.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Justement, le reste n’est que littérature...</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Car, comme le disait Jean Jaurès, <em>« Les hommes mêlés à la grande action reçoivent de la vie des
lumières pénétrantes sur les grandes oeuvres de l’esprit où circule une vie
secrète. Toutes les forces de l’esprit humain et de l’action humaine se
rejoignent, se complètent, s’interpénètrent les unes les autres. » </em>(Moi
citant Jaurès, on aura tout lu !)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Il faut lire et relire Albert Paraz et, en
particulier, <em>Le Gala des vaches</em>, dans
lequel on retrouve Céline, Bernanos entre autres et mille anecdotes sur <st1:personname productid="la Lib←ration" w:st="on">la Libération</st1:personname> et ses
fornicateurs, maquisards de femmes liées. <a href="http://salon-litteraire.com/fr/louis-ferdinand-celine/review/1816280-albert-paraz-le-bal-d-un-maudit">Paraz</a>, créateur véritablement
original, bouffé par les B.K., obsédé par le Verne Résorcine, mène de son lit
d’hôpital le combat pour la réhabilitation de Céline. Et en prime, on nous
offre à la fin du livre la « lettre de Céline sur Sartre et
l’existentialisme » : <em><a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%80_l%27agit%C3%A9_du_bocal">A l’agité
du bocal</a></em>. Branlée magistrale. Morceau d’anthologie. Céline pamphlétaire à
l’état brut, pourfendeur de souillasse et devin malgré lui. <em>Le Gala des vaches</em> a paru, je crois, en
1948 chez Elan et a été réédité chez Balland en 74, avec une préface d’<a href="http://andrepousse.free.fr/alphonse.htm">Alphonse
Boudard</a>. Cela ne s’imposait pas (pour l’élite), mais les petits soliveaux qui
vont enfin découvrir Paraz sauront au moins de quoi il retourne.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Et pour tous ceux qui adorent méphitiser leurs petits
neurones et demeurer résolument <em>bene
astrucum</em>, il reste l’oeuvre complète de <a href="http://www.academie-francaise.fr/les-immortels/bertrand-poirot-delpech">Bertrand Poirot-Delpech</a>, dont le
talent<sup>1</sup> procure à l’esprit ce qu’un baiser de Laurent Fabius doit
laisser aux lèvres de l’honnête homme.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Pour gerber, les cabinets sont à côté ! »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size: 10pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Note :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-size: 10pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">1. <em>« Fallait-il
que j’ignore le malheur pour me plaindre d’en manquer. »</em> B. P.-D., <st1:personname productid="La Folle" w:st="on"><em>La Folle</em></st1:personname><em> de Lituanie</em>, Gallimard 1970. C’est beau
comme du A.C. Swinburne dans une traduction de Lola Tranec. Ah !
l’érudition...</span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-color: white;"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="margin-left:14.2pt;text-align:justify"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">(Source : Micberth in « Révolution droitiste »
n° 11, mars-avril 1982)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><o:p> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/.Paraz3_s.jpg" alt="Paraz3.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: GillSans; background: white;">NDLR : Un peu
de littérature ne fera de mal à personne. Pourquoi Paraz ? Et pourquoi
pas ? L’oeuvre de Paraz </span></em><em style="text-indent: 18.9333px;"><span style="font-family: GillSans; background: white;">(<a href="http://www.lagedhomme.com/ouvrages/albert+paraz/le+gala+des+vaches+**+valsez+saucisses+**+le+menuet+du+haricot/3087">ses pamphlets notamment</a>) </span></em><em style="text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: GillSans; background: white;">a été plusieurs fois
rééditée depuis la publication de cet article et le personnage a fait l’objet
d’études diverses. Micberth a également sorti en 2004 un <a href="http://www.histoire-locale.fr/livre/DIVERS-CD008.html">CD d’entretien</a>
d’Albert Paraz avec Anne Brassié et Jacques Aboucaya (49 mn d’interview) qui
est toujours disponible.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: GillSans; background: white;">* Pour ce qui est
de la citation de <a href="http://www.lejdd.fr/Societe/Actualite/Lucette-ombre-et-lumiere-de-Celine-506882">Lucette Almanzor</a> concernant Paraz, elle est tirée d’un
article publié en juin 1973 (« Lili, c’est Line ? ») dans « Actual-Hebdo »
n° 26, où Micberth raconte son entrevue avec Mme Céline à Meudon, en 1969.</span></em></p>