Regards sur Micberth - Mot-clé - Bruno CaretteCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearApprivoiser la morturn:md5:333f1471a595ce91a4dfb3e6f60ba9352014-11-30T19:45:00+00:002014-11-30T20:29:48+00:00AMIci et làAtlikBoul MichBruno CaretteCyrèneGeorges BrassensJean-Pierre RosnayJFPFLes NulsMaguy VautierMicberthmortpeuple touaregRévolution 70 <p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><em><span style="font-family:
TimesNewRomanPS">« Les années 50. Se promènent sur le boulevard
Saint-Michel à Paris, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Maguy_Vautier">Maguy (Vautier)</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges_Brassens">Georges (Brassens)</a>, <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Pierre_Rosnay">Jean-Pierre
(Rosnay)</a>, etc. les Jarivistes (de <st1:personname productid="la JAR" w:st="on">JAR</st1:personname>, Jeunes Auteurs réunis). Tous sont morts aujourd’hui,
sauf ma chère Maguy. »</span></em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">
Micberth écrivait ces mots en décembre 2010. J’apprends par Internet que cette
« chère Maguy » n’est plus depuis quelques jours. Elle s’est éteinte le
15 novembre 2014, à l’âge de 85 ans. Poète, écrivain, elle fut l’égérie de <st1:personname productid="la Jeune Force" w:st="on"><st1:personname productid="la Jeune" w:st="on">la</st1:personname></st1:personname><a href="http://archives.cg37.fr/Actualite.php?theme=3&idactualite=244"><st1:personname productid="la Jeune Force" w:st="on"><st1:personname productid="la Jeune" w:st="on"> Jeune</st1:personname> Force</st1:personname> poétique française</a> créée en
1964 par Micberth et donna son nom à un prix couronnant le talent de jeunes auteurs en
1966-67-68-69. Institutrice, puis productrice d’émissions radiophoniques et
télévisées, Maguy a passé la moitié de sa vie en Afrique, au Niger notamment, où
elle s’est battue pendant de nombreuses années pour la défense et la sauvegarde
du <a href="http://malinia.e-monsite.com/pages/connaitre-l-association-malinia/mot-de-la-presidente.html">peuple touareg</a>. Pour ce faire, elle a fondé l’association <a href="http://malinia.e-monsite.com/pages/culture-touaregue/musee-touareg-atlik.html">Atlik</a> en 1984 et
écrit plusieurs ouvrages sur le sujet. </span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Je suppose que Micberth
n’aurait pas manqué de saluer cette femme lumineuse rencontrée au début des
années soixante (1964 ou 1965). Lorsqu’il l’évoquait, longtemps plus tard, je la
voyais, longue, brune, la peau mate, les pieds nus sur le <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Boulevard_Saint-Michel_%28Paris%29">Boul’Mich’</a>, au temps
où la poésie ne se cachait pas. « La poésie pure n’existe que dans la
mesure où elle reste inexprimée. » Je relève cette phrase dans l’article de
Maguy sur Rimbaud publié dans <em>Révolution
70</em>. Elle avait épousé le colonel Vautier, un pilote de chasse qu’elle aimait
plus que tout. Il avait été envoyé en mission en Libye. Et le 4 décembre 1971, ce
fut le drame : le long du désert de Syrie, alors qu’ils viennent de
visiter les ruines antiques de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Cyr%C3%A8ne">Cyrène</a>, leur voiture (une Triumph) heurte un
camion à l’arrêt, tous feux éteints. Son compagnon meurt, à l’âge de 37 ans.
Elle survit, ainsi que leur petite fille, Sandra. « Serge disait que la
mort était incluse dans son contrat de pilote. La machine volante l’a épargné.
La route l’a assassiné », écrira-t-elle.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Si j’évoque ce
drame, c’est parce qu’il lui a inspiré un émouvant témoignage que Micberth
a publié en 1996 dans sa collection <em>Petite
bibliothèque insolite</em>. C’est ainsi que je fus en contact avec Maguy Vautier,
pour les besoins de la publication de son <a href="http://histoire-locale.fr/livre/DIVERS-PBI4.html">livre</a> <em>Je te verrai hier</em>, où elle explique avec justesse
et poésie le parcours d’un chagrin qui se transforme en espoir. « <st1:personname productid="La Mort" w:st="on">La Mort</st1:personname> apprend à vivre »,
écrit Maguy, « l’épreuve simplifie, sans soumettre ». Après le refus,
la colère, elle accepte, regarde le vide en face, se tait et agit. Pleurer
n’est plus possible. Peut-on apprivoiser la mort ? « Quels que soient
les sentiments, il y a en moi un ressort plus tendu que la peine qui tend mon
coeur. Il y a connivence avec la mort. » Et sa force, dont elle ignorait la
mesure auparavant, conduira ses pas au Niger pour défendre la cause touareg et
prendre en charge la vie de deux petits enfants qu’elle adoptera.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/Maguy_Vautier.jpg" alt="Maguy_Vautier.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><br /></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Micberth a bien des
fois expliqué que la mort n’offrait aucun intérêt tant qu’elle était ignorée. <em>« On ne peut guère éviter la mort quand
elle doit, camarde implacable, nous atteindre, mais on peut modifier l’information
« culturelle » de la mort et en atténuer les effets
désespérants. »</em> En guise de démonstration, il évoque la mort de <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Bruno_Carette">Bruno
Carette</a>, survenue le 8 décembre 1989.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><em><span style="font-family:
TimesNewRomanPS">« Exemple tout frais, si j’ose dire. Bruno, l’un des
quatre « <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Nuls">Nuls</a> », meurt d’une leucoencéphalite. Je suppose qu’il
s’agit d’une leuco-encéphalopathie multifocale progressive qui nettoie un
chrétien en deux à trois mois à la suite d’une défaillance immunitaire et par
la mauvaise action d’un papovarus, comme on disait quand j’étais petit.</span></em></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><em><span style="font-family:
TimesNewRomanPS">« Or, la mort de Bruno en tant que « perte de la
vie » n’a aucun intérêt pour vous comme pour moi. Pourtant Bruno est
froid. Mort à jamais.</span></em></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><em><span style="font-family:
TimesNewRomanPS">« Il est déjà charogne et chacun s’en tape. René lutine
bobonne et Pierrot sirote un apéro chez Georgette qui tient le bar du Pont.
Soudain...</span></em></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><em><span style="font-family:
TimesNewRomanPS">« ... D’un seul coup, Bruno étant un homme de spectacle,
l’information éclate. Elle est médiatisée et l’émotion explose : 33 ans,
blablabla, on le voyait tous les soirs sauf depuis quelques semaines, etc. Et
c’est là, simplement à cet instant que s’installe en chacun de nous une sorte
de chagrin.</span></em></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><em><span style="font-family:
TimesNewRomanPS">« Parce que Bruno est mort ? Non. Parce que nous
avons appris sa mort, ce qui est tout différent. »</span></em></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">(Extrait de <em><a href="http://www.histoire-locale.fr/livre/DIVERS-0620.html">Mégalo</a></em>, journal télématique, chronique
du 10 décembre 1989.)</span></p>