Regards sur Micberth - Mot-clé - Grand SoirCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearFable pour rireurn:md5:8616aa47d813a0928e5e7ed81937ad1d2017-03-09T11:18:00+00:002017-04-17T12:16:59+01:00AMHumeur du jourfascisteGrand SoirMicberthréactionnaireélections <p style="text-indent: 0.5cm"><strong>Les élections.</strong> « Oh là
là ! Eh bien dites donc, on l’a échappé belle ! Les
membres de la cellule de mon village défaisaient tristement la corde
qui m’était destinée. – Faites-moi penser la semaine prochaine
à récupérer mon pognon en Suisse. Triste spectacle que celui de
dimanche soir ! Tous ces communistes crachant dans le ruisseau
le couteau qu’ils tenaient entre les dents... Ils sanglotaient
comme des gamins, le cœur gros comme l’édition originale des
œuvres complètes de Karl Marx.</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm">Le chef de la cellule, un
grand roux, s’avança vers moi, la moue désabusée, l’œil
éteint. Il serrait convulsivement entre ses doigts la corde qui
devait me pendre. Ses lèvres tremblaient.</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm">— Mon pauv’vieux !
dis-je en lui tapotant l’épaule.</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm">N’y tenant plus, il
enfouit son visage baigné de larmes dans ma barbe bouclée.</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm">— Si vous saviez !
Si vous saviez !</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm">— Je sais.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">De longs sanglots déchiraient sa
poitrine velue de travailleur syndiqué. J’étais bien embêté
pour lui. Il releva son visage ravagé par les pleurs, et dit comme
une supplication :</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Nous aurions tellement aimé vous
pendre !</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">J’essayai de le rassurer :</p>
<p style="margin-left: 0.5cm">— Ça sera pour la prochaine fois !</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Il n’y aura jamais de prochaine
fois !</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">Et il repartit de plus belle. Il
pissait la flotte de partout.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Mais si, mais si, dis-je avec
conviction.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">Je comprenais combien la déception
était grande pour ces ouvriers humbles et généreux. Ils avaient
fait le sacrifice de plusieurs tiercés pour pouvoir m’offrir une
belle corde de chanvre. Et je ne pouvais, sans rougir de moi-même,
omettre de faire un geste.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Vous pourriez peut-être faire
semblant de croire à la victoire de la gauche et me pendre quand
même.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Merci beaucoup, M. Asudam. Mais le
cœur n’y est plus, me répondirent-ils en chœur.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Eh bien, qu’à cela ne tienne mes
braves amis. Je vous rachète votre corde.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Merci. Merci.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Et tenez, je vous l’offre.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">D’une main je rendis la corde ;
de l’autre je tendis les sous.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Pour un fasciste vous êtes
chouette, M. Asudam. Pour un profiteur vous êtes honnête. Sachez
qu’au lendemain du Grand Soir, nous serons fiers de vous pendre.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">Je commençais à chanstiquer comme au
bout de la corde. Mes moustaches tremblaient d’émotion. Pour un
peu j’aurais chialé comme une gonzesse.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">— Dans mes bras, dis-je. Venez braves
petits ouvriers ! Posez vos mèches folles sur ma poitrine
paternelle de réactionnaire confiant. Ah qu’il est doux de baiser
vos têtes simples ! Tendez vos mains calleuses que j’y dépose
ma dextre aristocratique, mes braves enfants.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">Jusqu’à l’aube, chez Henri, on a
bu le cabernet à même les fûts, débondant les tonneaux avec de
grands coups de dents fauves. On a chanté, on a dansé, on a craché
dans la sciure ; et on s’est bien promis de se revoir aux
prochaines élections. Savez-vous que les ouvriers sont des hommes
comme vous et moi ? Certains en font des histoires à n’en
plus finir. Mais non. Ce sont des petits gars simples, le cœur sur
la main.</p>
<p style="text-indent: 0.5cm">Celui qui a une cigarette me la donne.
Merci. Celui qui a quatre petites roues me les offre. Merci. Ainsi je
deviendrai pour une fraction de temps l’inventeur génial d’un
véhicule fumant. » <span lang="en-GB">(Micberth-Asudam in
</span><span lang="en-GB"><em>Actual-Hebdo</em></span><span lang="en-GB">
n° 14, mars 1973)</span></p>
<p style="text-indent: 0.5cm"><span lang="en-GB"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/potence1.jpg" alt="potence1.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></span></p>