Regards sur Micberth - Mot-clé - Le LudaixCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearA moi, comte, deux mots...urn:md5:6d718db24c6f6b3b8a130dd8ecadee0f2016-04-30T19:15:00+01:002016-04-30T19:15:00+01:00AMPetits potinsGhislaine ThesmarLe LudaixLe Nouveau PalMicberthNouvelle Droite françaisePierre Lacotte <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="text-indent: 14.2pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Scène de la vie ordinaire... L’action se passe en 1974, au
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Marcillat-en-Combraille">château du Ludaix</a> (Auvergne), bien avant qu’on transforme la noble demeure en un
lieu de mariages et banquets. Huit ans plus tard, Micberth évoque son différend
avec le maître des lieux qui entendait céder sa demeure à une danseuse étoile de l'Opéra de Paris.</span><strong style="text-indent: 14.2pt; text-align: center;"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><o:p> </o:p></span></strong></p>
<p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center"><strong><span style="font-size: 13pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Vive le roi</span></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Dans « Télé 7
Jours », je lis sous la plume de Geneviève Coste : « Aux confins
de l’Auvergne et du Bourbonnais, dans le sud de l’Allier, <a href="http://etoiledelopera.e-monsite.com/pages/etoile-femme-de-1951-a-1975/ghislaine-thesmar.html">Ghislaine Thesmar</a> restaure un château de conte de fées, avec sa tour et ses jardins fleuris, où
elle court se réfugier après chaque voyage (...) Un lieu privilégié et
romantique à son image, où la danse vivra. »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Ce « château
de conte de fées » abritait, il y a huit ans déjà,
– hélas ! – le siège fédéral de <st1:personname productid="la NDF. C" w:st="on"><st1:personname productid="la NDF." w:st="on">la
<a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_Droite_fran%C3%A7aise">NDF</a>.</st1:personname> C</st1:personname>’est là le 15 août 1974, que les
sicaires du pouvoir post-pompidolien sont venus m’arrêter en fanfare pour me
jeter dans un cul-de-basse-fosse.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">J’ai en mémoire le
sourire de Gislaine Thesmar et aussi – qu’elle me pardonne – ses
étranges pieds tordus.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Ruiné par le
scandale de « l’affaire des chèques Pompidou », je lui avais vendu un
piano et diverses petites babioles. Il me plaît d’imaginer mon piano sonnant
sous le martèlement de ses doigts translucides. Je pense aussi à deux ou trois
promenades qui eussent été de vrais délices sans la présence anguleuse de cet
outil de <a href="http://www.resmusica.com/2012/01/09/une-vie-de-ballets-vibrant-hommage-a-ghislaine-thesmar-et-pierre-lacotte/">Pierre Lacotte</a> (son mari !), et à une grand-mère, folle comme je
les aime, dont je sollicitai l'ndulgence pour l’aménagement
sommaire des lieux : « Un camping ? me répliqua-t-elle, ne vous
excusez pas, cher monsieur, votre camping est un camping de luxe ! »
Délicieuse mémé !</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Nous étions les
locataires du comte de D., hobereau toujours royaliste, réduit à brader ses
biens par malchance chronique, impécuniosité et aussi, il faut bien le dire,
par allégeance à la dive bouteille.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Un tantinet
fripouille, le comte de D. avait promis le château à votre serviteur et tout à
la fois à Ghislaine Thesmar. Il me faut reconnaître que dans un sursaut
d’honnêteté, il m’avait offert la préférence à la condition d’être en mesure de
le dépanner d’une dizaine de vieux millions dans un délai aussi court que ses
instants de sobriété.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Quand un soiffard
rencontre un autre soiffard, qu’est-ce qu’ils se racontent ? Des histoires
de soiffards. Le comte n’étant guère fier d’avoir parjuré sa parole, moi
malheureux et furieux de perdre le « château de conte de fées », nous
nous soûlâmes comme des rustres, sous l’oeil épouvanté de ma chère C., qui
bientôt ne put abreuver avec les réserves de ma meilleure cave de tels gosiers
en pente. On improvisa un repas. Frêle répit pour deux méchants poivrots de
notre trempe. Et la beuverie continua jusqu’à l’aube. Mais avant que le jour
poignît (passez-moi ça !) nous régalâmes nos oreilles d’invectives
tellement vilaines, que les « gentilshommes » que nous restions
voulurent se retrouver pour s’embrocher gaillardement sur le pré. On pressa
donc, entre éructations et vesses, C., de nous faire tenir les épées. C.
disparaissait, puis navrée revenait nous dire qu’elle ne pouvait mettre la main
dessus. Cela plusieurs fois. Ah ! l’aristocratie ancienne et nouvelle
parfois ! Nous insultions C. ! Mais allez donc, ivre mort, rechercher
deux épées dans une soixantaine de pièces ! A boire ! A boire !
C. n’en pouvait plus fournir et elle se résigna aux mélanges les plus ignobles.
Peut-être dans l’espoir de nous achever. Nous avions épuisé ma réserve de vin
du Loir. Mais c’est celui-là, précisément, que le comte de D. réclamait et pas
un autre. A ce stade d’ébriété, j’avoue que ni lui ni moi ne fîmes la différence. Nous buvions ce que C. nous apportait avec des claquements
satisfaits de langue. Pas d’épées et comment se battre ? Comment défendre
l’honneur et laver par le premier sang les outrages ? Le bâton ne nous
tentait guère, il eût été déchoir, comme se colleter, pour des seigneurs qui se
piquaient de bien maîtriser l’imparfait du subjonctif et les citations latines.
Et puis les ancêtres du comte de D. avaient jadis frappé monnaie et lui avaient
légué l’un des plus vieux noms de France. Je n’étais certes point gentilhomme,
mais je représentais la nouvelle aristocratie. Mon culot valait sa maison.
Seule l’épée nous eût l’un et l’autre agréés et nous n’avions point d’épées ou
alors C. les cachait ou alors je les avais vendues ou offertes, un jour...
Allez savoir...</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">L’aube poignit
pour de vrai et il ne fut pas convenable de laisser partir le comte. Je donnai
des ordres à C. pour que l‘on préparât la chambre de ma femme qui, éveillée en
sursaut, se précipita dans la mienne pour terminer sa nuit. Une demi-heure plus
tard, enfin réconciliés, nous gravîmes l’escalier d’honneur du château, bras
dessus bras dessous. Le comte titubait et je le portais presque. Il s’effondra
sur le lit que je lui présentai et je gagnai ma chambre.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Sous l’effet de
l’alcool la mémoire est courte. Je déteste que l’on partage ma couche quand
j’ai bu. Apercevant ma femme, lovée dans mes draps, je me mets à rugir et à
l’apostropher : « Madame, je vous prie de déguerpir. Vous n’avez
rien à faire ici. Vous me savez un peu
parti et je hais salir mon noble vomi avec les fesses d’une femme. Allez
raoust ! »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Ce n’était certes
pas élégant, mais l’élégance est l’intelligence de la canaille et en amour
comme en art, la délicatesse est la vertu des faibles. « Je ne
puis aller dans ma chambre, le comte de D. dort dans mon lit ! »
« Et que fait ce vieux saligaud dans votre lit, madame ? »
« Mais, mon ami, c’est vous qui l’y avez mis ! »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">J’ai dû
m’effondrer sous l’oeil malveillant de ma femme. J’avoue avoir oublié la
suite ; C., plus tard, a téléphoné à la comtesse de D. qui ne semblait pas
plus émue que ça par l’absence nocturne de son mari. Puis elle a réveillé le
comte qui n’avait pas bougé dans son sommeil ; il était là, les bras en
croix, sur le ventre, ronflant comme un marcassin après la tétée, comme je
l’avais laissé auparavant.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Meilleur bretteur
que lui, assurément, plus jeune aussi de près de quinze ns, plus grand et plus
costaud, je l’eusse probablement occis si C. avait eu la mauvaise idée de nous
apporter les épées... </span></em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">(Micberth,
« Vive le roi » in <em>Le Nouveau
Pal</em> n° 15 novembre-décembre 1983</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><o:p> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/.combat2_s.jpg" alt="combat2.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></o:p></span></p>Un certain 15 aoûturn:md5:6fdb7d37787d4199579bcad3d4c4142e2014-08-15T18:52:00+01:002014-08-15T19:43:21+01:00AMIci et làaffaire des chèques Pompidoucommissaire MonneraEric AsudamFresnesGeorges-Paul Wagnerinspecteur Pasquetjournal MinuteL Echo de la presseLa LettreLe CaignecLe LudaixMicberthNouvelle Droite françaisePardon de ne pas...quai des Orfèvres <p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">A </span><em style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">L’Echo de la
presse</em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"> qui rappelait que sous l’Ancien Régime les auteurs de libelles comme
« </span><st1:personname productid="La Lettre" w:st="on" style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"><a href="http://histoire-locale.fr/livre/DIVERS-0016.html">La Lettre</a></st1:personname><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"> »
étaient embastillés, Micberth répondit : </span><em style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">« Votre serviteur connut Fresnes à défaut de <st1:personname productid="la Bastille" w:st="on">la Bastille</st1:personname> et pour motifs
aussi peu ragoûtants que ceux connus par Diderot et par tant d’autres ».</em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">
C’est, en effet, il y a tout juste quarante ans (bien triste
anniversaire !) que Micberth fut arrêté au château du <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Marcillat-en-Combraille">Ludaix</a>, dans
l’Allier, dans des conditions rocambolesques.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p align="center" style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:center;
background:white"><strong><span style="font-size: 13pt; font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">La fantasia</span></strong></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Le 15 août 1974, ma femme, mes enfants et moi,
jardinions dans le parc de la propriété occupée par <st1:personname productid="la Nouvelle Droite" w:st="on"><st1:personname productid="la Nouvelle" w:st="on">la </st1:personname></st1:personname><a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Nouvelle_Droite_fran%C3%A7aise"><st1:personname productid="la Nouvelle Droite" w:st="on"><st1:personname productid="la Nouvelle" w:st="on">Nouvelle</st1:personname> Droite</st1:personname> française.</a>
Soudain, un groupe d’hommes sautèrent par-dessus la chaîne qui interdit
l’entrée du château, et se précipitèrent vers nous. Je levai les yeux et vis
des gendarmes qui braquaient des mitraillettes dans ma direction. Le château
était cerné. L’inspecteur divisionnaire Pasquet déclina son nom et sa qualité.
Il était suivi d’un collègue de la brigade des faux et d’un jeune inspecteur de
la criminelle. Plus loin, se tenait un commissaire de Clermont-Ferrand, assisté
de deux inspecteurs, puis, en retrait, le commandant de gendarmerie de
Montluçon. Autour de la propriété, en position, deux brigades de gendarmerie en
armes. Le portail d’entrée était resté bloqué par les véhicules de la police.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Ainsi, c’était cela une arrestation !
Mille fois je m’étais imaginé ce jour. L’imagination enjolive la réalité et lui
donne des reliefs tout particuliers. Je cachai mon émotion, dans l’intérêt même
de mes enfants, et conviai cette équipée à venir se désaltérer. (...)</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« L’inspecteur divisionnaire Pasquet me glissa
sous les yeux un mandat de perquisition. Les ordres étaient formels. Il devait
récupérer les formules des chèques Pompidou que je détenais. Spontanément, je
conduisis M. Pasquet aux archives où nous avions classé le dossier Delocty,
puis lui remis l’enveloppe que j’avais conservée et dans laquelle se trouvaient
les chèques. M. Pasquet me certifia qu’on me ramènerait à mon domicile le
lendemain. Ses propos me parurent peu raisonnables, au regard des forces de
l’ordre qui entouraient Le Ludaix. Je feignis de le croire, avec la volonté de
ne pas inquiéter mon entourage, et surtout mes enfants. Je changeai de
vêtements, glissai quelques paquets de cigarettes dans ma sacoche, un carnet de
chèques ; et après avoir serré très courtoisement la main des policiers
présents, je montai dans la voiture qui devait me conduire au <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/36,_quai_des_Orf%C3%A8vres">quai des
Orfèvres.</a></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Je dois dire que c’est sans aucune appréhension
que je suivis ces hommes. Je n’imaginais pas un coup fourré, une machination,
mais plutôt un quiproquo qui allait s’éclaircir après quelques minutes
d’audition. Mes gardiens furent charmants. Les petites maladresses qui, de
temps à autre, fusaient, de la bouche des officiers de police, étaient contrées
avec autorité par l’inspecteur divisionnaire. Il faisait une chaleur étouffante
dans la nuit du 15 au 16 août. Nous arrêtâmes à Bourges pour nous restaurer. Le
jeune inspecteur de la criminelle conservait son arme, et pour la cacher,
gardait sur les épaules une lourde veste en tweed. La sueur ruisselait sur son
visage. Les policiers et moi parlions en sautant du coq à l’âne, comme des
voyageurs qui seraient revenus d’un agréable séjour à la campagne. L’aubergiste
s’approcha de nous, et, inconscient de la situation, nous lança :
« Vous avez de la chance. Moi aussi, j’aimerais pouvoir m’évader. »
Il faisait allusion à ses servitudes qui le contraignaient, par cette canicule,
à travailler dans une salle qui, cette nuit-là, était une véritable étuve. Je
partis d’un grand rire, et lui répondis : « Pas tant que
moi ! », ce qui eut pour effet de déclencher une franche rigolade
chez mes compagnons de table. L’aubergiste ne comprenant pas ce qui provoquait
notre hilarité, nous regardait l’air nigaud, en se demandant ce qu’il avait pu
dire de si drôle. Après un frugal repas que je touchai à peine, mes nouveaux
« amis » et moi, en regagnant le véhicule, pissâmes de conserve (je
ne peux m’empêcher de sourire quand j’évoque cette scène des trois policiers et
de leur prisonnier, la quéquette à l’air, urinant leur joie de vivre dans une
nuit bleutée d’août). Le reste du voyage fut pénible. Les flics, qui étaient
sur le pied de guerre depuis plusieurs jours, semblaient exténués, et la
conduite s’en ressentait. Nous arrivâmes enfin à Paris, à deux ou trois heures
du matin, et après avoir bu une bière dans un établissement douteux, les
inspecteurs me conduisirent au quai des Orfèvres, d’abord dans les locaux de la
brigade des faux, puis, à l’arrivée du commissaire Monnera, dans les bureaux de
la police criminelle. C’est là que j’appris ce qu’on me reprochait. (...) »</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><br /></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.mgm_1980_s.jpg" alt=" " style="margin: 0 auto; display: block;" /></o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><br /></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">A la question : « Pourquoi cette
pantalonnade et cette arrestation grand-guignolesque ? », le
commissaire Monnera répondra : « Nous avions des informations qui
nous laissaient supposer une arrestation difficile. On disait que vous étiez
entouré d’une cinquantaine de conjurés armés. » </span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">Sa garde à vue prenant fin, Micberth est conduit aux
archives pour une photographie en pied. Il continue : « Puis je fus
entendu par le commissaire principal Fouché, de la police judiciaire. C’est à
ce moment que je pris conscience du guet-apens qu’on m’avait tendu. Le court
interrogatoire qu’il me fit subir fut presque essentiellement politique. Il
était évident que cet homme n’était plus qu’un pion, et que mon sort avait été
décidé en haut lieu. </span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Un jeune inspecteur, très jovial, m’entraîna
dans les couloirs, en m’affirmant que cette affaire allait connaître son dénouement
dans l’après-midi (...) Je devais subir pourtant une dernière formalité :
rencontrer le procureur de <st1:personname productid="la République. On" w:st="on"><st1:personname productid="la République." w:st="on">la République.</st1:personname> On</st1:personname>
m’affirma que ce ne serait guère long. J’étais à nouveau rassuré et plaisantai
avec le policier. Nous traversâmes une cour ; un lourd portail s’ouvrit,
puis se referma derrière moi. Je vis des cellules. Des matons en bouse bleue
m’entourèrent. Je compris que j’avais été joué. Puis ce fut la descente aux
enfers. On me conduisit à la fouille où je fus invité à remettre mes lacets à
un préposé goguenard, le contenu de mes poches et ma sacoche, ainsi que ma
montre et mes allumettes. On n’osa pas me fouiller, ce qui me permit de
conserver celles-ci. Désemparé, trébuchant à cause de mes chaussures devenues
trop grandes, je fus conduit en cellule.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« L’imagination la plus morbide ne peut décrire
un endroit aussi répugnant. Des murs ruisselants et gluants, des insectes qui
grouillent à terre – cloportes, cafards – et cette odeur suffocante
d’urine et de matières fécales qui vous envoie le coeur au bord des lèvres.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Je me retrouvais au coeur de la pègre, avec un
proxénète, un escroc, un voleur qui avait flanqué une volée sévère à deux
policiers, et un jeune Marocain couvert de plaies, qui avait blessé grièvement – ou
tué – un de ses coreligionnaires. Certains de ces hommes étaient là depuis
quatre jours et n’avaient ni dormi, ni mangé. L’escroc avait été battu par des
policiers du quai des Orfèvres, et portait sur le visage et les mains diverses
traces de coups. Mes allumettes furent accueillies avec la plus grande joie,
car l’administration, qui ne néglige aucune torture morale, aucune humiliation,
laisse aux prisonniers leurs cigarettes sans leur fournir d’allumettes. Ces
hommes, déjà très éprouvés, doivent sous les quolibets des matons quémander à
tout instant du feu par la petite ouverture aménagée dans la porte et dont le
diamètre n’est pas supérieur à deux centimètres. Pendant des heures, ces hommes,
le visage collé aux portes crasseuses, la cigarette introduite dans le trou,
implorent la générosité de leurs gardiens. Il arrive bien souvent que les
cigarettes soient arrachées des lèvres ou que la flamme soit mise à une telle
distance que le prisonnier, en gémissant, tète dans le vide, sous les lazzi des
gardes-chiourme. »</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">Micberth est alors conduit au service
anthropométrique ; on prend ses empreintes, on le mesure, on le pèse, on
le photographie de face et de profil. Il est ensuite ramené en cellule.
« Pour tromper le temps, les codétenus et moi-même organisâmes une course
de cafards, occupation bien étrange pour un leader politique qui, la veille, au
coeur du Bourbonnais, jardinait avec sa femme et ses enfants. La porte de la
cellule s’ouvrit ; on cria : « Berthe ! », patronyme
que je ne portais plus depuis dix ans, et deux policiers en uniforme me
passèrent des menottes auxquelles était attachée une longue laisse. Mes
chaussures, libérées des lacets, me fuyaient des pieds, et j’avais le plus
grand mal à suivre le rythme de la marche. On me traîna ainsi dans de longs
couloirs sombres, des souterrains à l’odeur de remugle caséeux. Puis je
débouchai dans une pièce où, derrière une sorte de comptoir, se tenaient des
magistrats à la « gueule » sinistre. Un substitut du procureur de <st1:personname productid="la République" w:st="on">la République</st1:personname>, adipeux, au
crâne luisant comme un casque de CRS., aboya dans ma direction quelques imprécations.
J’appris que je serais inculpé de recel lorsque je passerais devant le juge
d’instruction. A peine ouvris-je la bouche pour protester, que j’étais de
nouveau entraîné dans les souterrains et jeté en cellule. Un maton poussa devant
la porte cinq bidons en aluminium, qui contenaient une soupe que je n’aurais
jamais osé faire manger à mon chien, et dans le couvercle, du chou-fleur
ébouillanté, à l’odeur de fèces. Inutile de préciser qu’aucun des prisonniers,
malgré la faim qui les tenaillait, ne toucha au brouet. »</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">Après un nouveau passage dans la salle des pas perdus,
Micberth est présenté devant le juge d’instruction. « Enfin je fus
introduit dans le bureau du juge Le Caignec. Malgré une défense qui me
paraissait inattaquable, il m’imposa une fin de non-recevoir, sous le prétexte
que nous étions le 16 août, et qu’il exerçait une fonction intérimaire.
Néanmoins, il me promit que la presse ne soufflerait mot de cette histoire,
promesse qu’il ne tint pas, car plus tard, j’appris que France Inter, Europe 1
et RTL informaient sans barguigner leurs auditeurs. On me reconduisit de
nouveau en cellule. Puis je connus un cagibi et la fouille où je récupérai
quelques affaires ; à nouveau le cagibi, puis le départ pour la prison. Le
juge Le Caignec m’avait remis mon mandat de dépôt. Nous fûmes mis en file, et
nous nous dirigions vers la sortie lorsqu’un jeune maton se précipite vers moi
et me dit : « Il paraît que vous êtes le journaliste de <em>Minute</em> impliqué dans l’affaire des
chèques Pompidou. « Je ne suis plus à <em>Minute.</em> »
« Ah ! C’est dommage ! C’est un journal que j’achète toutes les
semaines. Et puis, vous êtes pour nous à <em>Minute</em>.
C’est comment votre nom ? </span><span lang="EN-GB" style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Eric
Asudam. » </span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Celui qui a écrit l’article sur la
justice ? » « Oui. » « Eh ben ! Qu’est-ce que vous foutez
là ? » Je hausse les épaules et le policier nous entraîne.</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">« Nous sortons dans une cour bourrée de flics qui
ferment la garde du déshonneur. On nous introduit dans les voitures cellulaires.
L’endroit est si exigu que mes cent kilos ont du mal à y pénétrer. On pousse un
peu avec la porte métallique. Han ! <span style="text-transform:uppercase">ç</span>a
y est. Me voilà casé. Je me retrouve dans le noir absolu. Mon corps touche à
toutes les parois. Le camion cellulaire démarre et ma tête heurte violemment le
métal de la cabine. Pendant près de trois quarts d’heure, ce sera une lutte
permanente pour maintenir mon équilibre. J’ai de la peine à respirer et mon
corps ruisselle. La fatigue me donne des vertiges. Dans le noir, les événements
de ces dernières vingt-quatre heures défilent devant mes yeux, comme au cinéma.
Enfin, le fourgon cellulaire s’arrête ; des portes s’ouvrent, et je suis
ébloui par la luminosité. La nuit, pourtant, tombe sur Fresnes. J’ai du mal à
retrouver mon équilibre. En bringuebalant, je descends les marches de
l’escalier et me retrouve dans la cour de la prison entre une haie de
policiers. Sur les marches, un fat en costume élégant de ville me toise
ironiquement et lance : « Tiens, voilà le père Noël ! » Il
fait probablement allusion à mon gabarit et à mon épaisse barbe fleurie. J’arrive
à sa hauteur et lui dis dans un grognement : « Pauvre
con ! » Puis Fresnes m’avale. »</span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">Micberth passera 15 jours à Fresnes dont il sortira
avec les excuses du juge Le Caignec pour cette <a href="http://micberth.org/index.php?post/2014/07/10/Pour-une-justice-apolitique">incarcération arbitraire</a>. Il lui
faudra 5 ans pour obtenir sa totale relaxe avec l’aide de M<sup>e</sup>
<a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Georges-Paul_Wagner">Georges-Paul Wagner.</a></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;">Le texte ci-dessus est extrait de « Pardon de ne
pas être mort le 15 août 1974 », rapport de 330 pages dont le
dactylogramme, terminé en 1975, annoté, fut imprimé en fac-similé en 1977.
Quelques mois avant de partir, M.-G. Micberth avait commencé à revoir « Pardon... »
afin de lui donner une publication définitive, mais il dut s’arrêter page 73.
En sous-titre, il avait ajouté : « Ce que dicte la conscience ».
Et à son avertissement d’origine, il précisait : <em>« Un peu moins de quarante ans plus tard (2013), j’ai relu ce
témoignage de jeune homme, avec colère et émotion. J’ai ajouté quelques notes
et supprimé des lourdeurs inutiles ; enfin, je l’ai complété avec la plume
d’un vieux monsieur qui est au soir de sa vie. Quelle tristesse que la bêtise
des hommes ! »</em></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p> </o:p></span></p>
<p style="margin:0cm;margin-bottom:.0001pt;text-align:justify;text-indent:14.2pt;
background:white"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background-image: initial; background-attachment: initial; background-size: initial; background-origin: initial; background-clip: initial; background-position: initial; background-repeat: initial;"><o:p><br /><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.Pardon_s.jpg" alt="Pardon.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></o:p></span></p>