Regards sur Micberth - Mot-clé - Le QuotidienCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLes rebelles sont parmi nousurn:md5:bfa397f24812b61874a4753e828d22692017-07-16T17:43:00+01:002017-11-19T18:34:56+00:00AMIci et làBarbey d AurevillyBertrand de Saint-VincentGuy DebordLe QuotidienMicberth C’est ainsi que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Le_Quotidien_de_Paris">« Le Quotidien de Paris »</a>
titra la grande enquête de <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Bertrand_de_Saint-Vincent">Bertrand de Saint-Vincent</a> publiée en juillet 1991
dans ses colonnes. Le volet II, qui parut le mardi 2 juillet, proposait deux
portraits croisés de « Georges Micberth, anar (de droite), et de Guy
Debord, situationniste (de gauche) ».
Il faut dire qu’être rebelle à l’époque ne consistait pas seulement à<a href="http://actu.orange.fr/politique/melenchon-et-les-insoumis-ne-veulent-pas-porter-de-cravate-a-l-assemblee-magic-CNT000000KjfEZ.html">
tomber la cravate à l'Assemblée en signe d’insoumission</a>... En introduction, le chapeau : « Les
rebelles en politique prennent le masque des extrêmes (voir « Le
Quotidien » d’hier). Et la voie des urnes. Mais les bulletins de vote
cachent souvent une rupture profonde avec les valeurs essentielles de la
société actuelle. Une vie parallèle, une pensée parallèle ont vu le jour, loin
des officines rassurantes du consensus. Tentative de clarification et portrait
de deux révoltés, l’un qui défie le monde de son château, Georges Micberth,
l’autre qui se défie du monde et fuit comme la peste la <em>société du spectacle</em>, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Internationale_situationniste">Guy Debord</a>. »
<p class="MsoBodyTextIndent"><!--[if !supportEmptyParas]--> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/.quotidien_de_paris_m.jpg" alt="quotidien_de_paris.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><!--[endif]--></p>
<p class="MsoBodyTextIndent"> Sous la photo de Micberth (pour la circonstance
rebaptisé Georges) qui illustre l’article, on lit : « Anar, barbu et
un rien mythique, Georges Micberth est ce qu’on appelle un rebelle absolu. Nous
sommes allés le voir dans son château, près de Paris. Personnage insolite, tonitruant,
il nous a reçus dans son salon. Sur la cheminée trônaient des peluches,
offertes par ses enfants. Récit d’un entretien peu consensuel. »</p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« On le trouve dans la
Somme, à cent kilomètres de Paris, dans un château XIX<sup>e</sup> (le
quatrième qu’il occupe depuis 1968). Il a la quarantaine, une épaisse barbe
grise. Au physique il se situe quelque part entre Raspoutine et Michel Simon
(dans « la Beauté du diable » de René Clair). L’hiver, il se promène
en cape, il fut un temps où il ne sortait jamais sans son revolver. On est
introduit chez lui par une gouvernante qui vous ouvre respectueusement la porte
et vous fait asseoir en vous disant : « Monsieur va vous
recevoir. »</p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Georges Micberth est un
anarchiste de droite, un rebelle version château. Ne le lui reprochez pas, il
vous citera Barbey : <em>« J’ai souvent été malheureux dans ma vie, je
n’ai jamais enlevé mes gants. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Fermez le ban. Micberth
est un bavard, il se raconte volontiers, il n’est pas loin de se prendre pour
un héros. En fait, il s’aime terriblement <em>: « J’y suis obligé pour
vivre. Si un jour je me réveille en me disant “ je suis un salaud ”,
je crois que je ne finirai pas la journée. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Rebelle donc, pour
quelle cause ? Celle de l’individu, la valeur essentielle qu’on a
oubliée ; <em>« Il faut que chacun comprenne qu’il est seul et que
c’est là sa merveille »</em> ; partisan du pouvoir de
l’intelligence ; défenseur de l’aristocratie comme système politique. <em>« L’aristocratie,
c’est quand le pouvoir est assumé par un groupe d’hommes, les meilleurs, dans
l’intérêt général. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Car contrairement à la
croyance commune, pour Micberth, non seulement la majorité n’a pas raison, mais
son opinion et ses manières doivent être rejetées avec force : <em>« Le
peuple n’a pas de dignité. Il crie sans sourciller “ Vive le roi, vive la
république, vive Pétain, vive de Gaulle, vive Giscard ”... Le peuple pue.
Je ne suis pas du peuple et vous demande de ne plus en être. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« La démocratie est une
illusion, une imposture dangereuse. Le droit de vote égalitaire favorise les
imbéciles, ultra-majoritaires, au détriment de l’élite. L’analyse micberthienne
est sans appel : <em>« Une société quelle qu’elle soit se compose de 3
% de gens intelligents. Le reste, ce sont des borderlines, des connards,
incapables de penser par eux-mêmes. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Conclusion : <em>« Le
premier geste d’une société intelligente serait d’instituer un permis de
voter. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Micberth parle à la
mitrailleuse lourde, éliminant les idées à la mode comme autant d’insectes
obscènes. Les droits de l’homme ? <em>« Je ne sais pas ce que c’est.
Je ne connais que les devoirs de l’homme. »</em> La République ? <em>« Je
la vomis. J’ai un mépris total pour ce régime bâti sur les cadavres de
centaines de milliers de Français. »</em> L’ordre établi ? C’est le
désordre. L’autorité, <em>« parce qu’elle est artificielle et imposée »</em>,
doit être contestée. <em>« N’acceptez plus. Réveillez-vous, ne laissez plus
les autres gâcher votre liberté. Vivez ! »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Micberth n’y va pas avec
le dos de la cuillère : <em>« Ces gens-là m’empêchent de vivre, de
dire ce que j’ai envie de dire, que cela plaise ou non, à l’instant où j’ai
envie de l’exprimer. »</em> Ils doivent être balayés, avec leurs fausses
valeurs, leurs interdits qui protègent les oligarchies au pouvoir, leur esprit
bourgeois qui, par son refus du défi, <em>« mène progressivement à
l’anéantissement de l’espèce » : « Eux et moi ne faisons pas
partie du même monde. Ce qu’ils imaginent palais, je le vois chiottes. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Faisans de télé,
intellectuels satisfaits, bouffons de la république, il les insulte tous, les
socialos, les cocos, les démagos. Même l’extrême droite ne trouve pas grâce à
ses yeux <em>: « Je la vomis. Je suis un féodal, un élitiste, un
aristocrate, un individualiste... La droite populaire a du ventre, pue de la
gueule, habite dans des pavillons encaustiqués et des enclos à patins pour les
parquets et à chiens méchants pour la trouille. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Feu sur l’homme moderne,
engoncé dans ses habitudes, sa morale frileuse, ses assurances vie et son
prêt-à-penser. Il faut revenir à l’individu, lui rendre sa liberté, sa dignité,
<em>« retrouver la tradition fondamentale, celle de l’intelligence, de la
protestation permanente, du refus du conformisme, de la liberté
personnelle. »</em> Sus <em>« aux fisqueux, aux flics, aux uniformes, à
l’éducation nationale et aux notables »</em>. Ses enfants, Micberth ne les
a pas mis à l’école. Opposé à l’armée républicaine, il a empêché des dizaines
d’individus de faire leur service militaire : <em>« Connaissant les
symptômes de la schizophrénie, je la leur ai fait simuler. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Car la révolte, c’est
une action permanente : <em>« Dire non, sans arrêt, à ces gens qui
m’empêchent d’exister ; ma rébellion, c’est ma vie. Un refus
constant. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Heureusement tout cela
ne l’empêche pas de vivre, d’avoir une gouvernante et d’aimer les femmes ;
ni même d’être à la tête d’une prospère maison d’édition. <em>« Un rebelle,
ce n’est pas forcément un impuissant, un gueulard qui traîne sa misère dans des
mansardes. C’est au contraire quelqu’un qui est puissant et qui dit
merde. »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt">« Merde à la société
démocratique et à ses chiens de garde. Merde à ceux qui nous cachent le soleil.
Merde aux « borderlines » qui croient faire l’histoire<em>.
« Partout le futile, le nul, le désespérément salaud, la
trahison... »</em></p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt"><span style="text-indent: 18.9333px;">« </span>Dans son château d’Omiécourt,
Georges Micberth est un roi qui ne voit pas pourquoi il obéirait à des
laquais. »</p>
<p class="MsoBodyText" style="text-indent:14.2pt"><!--[if !supportEmptyParas]--><span style="font-family: "Times New Roman"; font-size: 10pt;">Volet n°
2 de l’enquête de Bertrand de Saint-Vincent paru dans « Le Quotidien de
Paris » du mardi 2 juillet 1991. Photo S. Toubon.</span> <!--[endif]--></p>