Regards sur Micberth - Mot-clé - RivarolCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLa mort d'un journalurn:md5:b4dc452cb43913e65b144ca18b42cc572015-11-28T19:16:00+00:002018-07-03T19:55:45+01:00AMIci et làActual-Hebdoaffaire des chèques PompidouCavannaCharlie HebdoCommission paritaireHara-Kiril école de Toursla presseMicberthMinuteRivarolstyle mèqueValeurs actuelles <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> </span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;"><a href="http://www.laplumeagratter.fr/2015/11/12/valeurs-actuelles-et-minute-exclus-des-aides-a-la-presse-par-lojim/">Un budget de 4 millions d’euros </a>vient
d’être dégagé pour aider les journaux dits « essentiels à la vitalité de
la démocratie », qui tirent moins de 25% de leurs revenus de la publicité,
à condition qu’ils n’aient pas été condamnés pour « incitation à la haine
ou à la violence ». Suivez mon regard... Les « gentils », on les
connaît, les « haineux » aussi. <a href="http://lelab.europe1.fr/lastuce-de-fleur-pellerin-pour-empecher-valeurs-actuelles-ou-minute-de-toucher-des-aides-a-la-presse-2542059">Astuce imparable</a> destinée à mettre
quelques titres en difficulté, au hasard « Minute », « Valeurs
actuelles », « Rivarol ». Pas d’bras, pas d’chocolat. La
méthode, si elle revet divers aspects, n’est en fait pas nouvelle. Micberth
s’en plaignait déjà dans les années 1970. Ecoutons-le :</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> </span><em style="text-indent: 14.2pt;"><span style="font-family: TimesNewRomanPS;">« S’il est une aventure humaine dont je puisse être
légitimement fier entre toutes, c’est celle que nous avons vécue en éditant
« Actual-Hebdo ». Je garde pour cet hebdomadaire une tendresse toute
particulière, et ce n’est pas sans émotion que je vous conterai son histoire.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS;">« J’avais toujours tenu à transmettre oralement ma
philosophie et mes idées politiques, imitant en cela les sophistes dans
l’acception positive du terme. Bien sûr, j’avais publié, dans le passé, de
nombreux journaux incendiaires, mais jamais comme dans
« Actual-Hebdo » je n’avais pu m’exprimer avec autant de liberté, et
surtout dans le style que le service de recherche de l’école de Tours avait mis
au point, dans les années 60. Cette façon spécifique de mélanger au français
orthodoxe une langue approximative, argotique et technique, fut une véritable
révolution dans l’évolution de notre langue. Reprise par les groupuscules
gauchistes, la presse parallèle, certains écrivains, puis par les journalistes
de la grande presse, elle perdit, avec l’utilisation fréquente qui en fut
faite, ses mentions d’origine. D’autant qu’elle bénéficia d’une véritable
génération spontanée dont le plus brillant représentant fut, sans conteste,
François Cavanna, directeur d’« Hara-Kiri » et de « Charlie Hebdo ».
Pour la première fois depuis de nombreuses années, nous avions avec ce support
la possibilité de régler nos comptes. En quarante numéros,
« Actual-Hebdo »,</span><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> d’audience discrète (10 000 lecteurs)
bouleversa les principes traditionnels de la
presse française. Il nous suffisait d’employer un néologisme ou de philosopher
de manière particulière pour que la grande presse reprît dans l’un de ses
éditoriaux nos créations, et cela bien sûr, sans nous citer. Seule la date du
dépôt légal nous permettait d’avancer nos prétentions avec des preuves
concrètes. </span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« (...)
Le 19 mai 1973, six mois après sa parution, sous le titre « Comment faire
intellectuel sans avoir la migraine », je dénonçai, avec le style mèque
qui plaisait à mes lecteurs, les pressions dont nous étions les victimes.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.novembre2015_057_m.jpg" alt="novembre2015_057.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Ran tan plan. <span style="text-transform:uppercase">ç</span>a devait arriver. C’est là, derrière
le pont-levis, entre les pâquerettes et la motte de terre soulevée par le nez,
sniiifff, de la taupe bigleuse : une légion, peut-être moins (j’exagère
toujours). LES FLICS !</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Nous z’avaient laissés pourtant bien
tranquilles dans cette atmosphère moite et rassurante de l’impunité. Mais hé hé
hé hé et non, décidément nous les passionnerons toujours autant !
Yeah ! J’abuse des onomatopées, mon vice.</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Depuis vingt ans, je marche, slap,
slap, les yeux bandés, sur une corde raide, avec de chaque côté et bien
en-dessous, les bras tendus des pandores. C’est un exploit. Aurai-je une
médaille ? Pourrai-je seulement la solliciter ? (chants grégoriens)</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« </span><span lang="EN-GB" style="font-family:TimesNewRomanPS;mso-ansi-language:EN-GB">Flash back, Asudam
story. Mettons-nous bien d’accord. </span><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Moi
là, toi là. Cela ne veut pas dire que je suis un monsieur malhonnête. Bien au
contraire. Je serais plutôt le genre cucul bourré de principes. Mais les
pouvoirs publics n’aiment pas ma façon de causer ou de vivre. Rhâaaaa, je leur
fais peur… Les mécanismes et lois qui régissent mon existence ne sont pas
clairs pour eux. Ah. Alors on me cherche. Nib. On ne trouve rien, et on
dit : « ça sera pour la prochaine fois ». Reste assis !
Gigote pas. D’aucuns appellent ça « les tracasseries policières ». Je
veux bien.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« En fait, il faut remonter à plus de
dix ans pour comprendre cette persévérance judiciaire. Je dis ça vite : un
contexte révolutionnaire tic tic, une quarantaine de personnes tac tac, des
dossiers de police toc toc, des enquêtes souvent avortées tuc tuc, des
non-lieux sbling, quelques inculpations scriss scriss, quelques condamnations,
des amnisties et un grand mystère. Voilà l’inventaire. Stop !</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Je vous ai déjà dit, je crois, que
notre journal était rédigé à Montluçon, administré jusqu’à ces dernières
semaines à Limeray, imprimé dans <st1:personname productid="la Sarthe" w:st="on">la
Sarthe</st1:personname> et routé dans le Saint-Amandois. Beau losange !</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Première enquête policière à
Limeray ; deuxième enquête à Saint-Amand-Montrond ; troisième enquête
dans <st1:personname productid="la Sarthe" w:st="on">la Sarthe</st1:personname> ;
quatrième enquête effectuée par le commissaire principal de Montluçon, à
Montluçon.</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Que d’honneurs pour un si frêle
journal !</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Chaque enquête a nécessité, ouaiche,
un déplacement des forces de l’ordre avec interrogatoire siouplaît, et
déposition. Nous voilà bien du remords ! Combien de pèze coûtons-nous aux
contribuables qui paient ces fantaisies policières ? Et derrière tout ça,
bien cachés au fond de la huche à pain, la même équipe de magistrats qui n’ont
jamais digéré nos privautés d’antan. Nous les avions copieusement traînés dans
la merde, c’est vrai, ha ha, et ils s’offrent aujourd’hui une petite vengeance
mitonnée. (...) »</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Micberth poursuit : <em>« Cet extrait d’article montre à quel
point nous étions surveillés. Le commissaire de police, Roger Gianola, de <st1:personname productid="la Direction" w:st="on">la Direction</st1:personname> générale de la
police nationale, nous enjoignit de livrer les noms et adresses de nos
collaborateurs. Nous refusâmes. Nous nous étions fixés au moins cinquante
numéros, et au vingt-troisième, les persécutions policières étaient déjà
insoutenables. Il nous fallait tenir encore six mois. Nous craignions surtout
les décisions de <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname>
paritaire qui nous avait inscrits sous le n° 53227. On sait que cette
commission permet principalement les exonérations postales, et que sans elles,
un journal non diffusé en kiosque, qui vit de ses abonnements, ne peut
subsister. Ces avantages nous avaient été consentis pour une année. Mme Graude,
la secrétaire de la commission, nous fit parvenir, le 30 octobre 1973, une
prolongation de deux mois.</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Les
pouvoirs publics, qui n’avaient pu nous toucher légalement, téléguidèrent le
directeur des Postes de Montluçon, qui jura la perte de notre journal. Sous le
titre « Le directeur des PTT de Montluçon nous cherche des poux dans la
tête », la rédaction de notre journal dénonça, dans son dernier numéro ce
grenouillage.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><em>« Il fallait s’y attendre... Montluçon,
bien que fief des Bourbons, est une bien petite ville. L’odieuse police de
Pompidou qui brille plus par son impunité et ses négligences que par sa hargne
à réduire les mauvais garçons, s’est crue autorisée à exercer des pressions sur
les responsables des administrations en place. Pression n’est peut-être pas le
mot juste, nous dirons plutôt conseil
avisé ou recommandation glacée,
et depuis quelques semaines, de vilains bruits circulent dans la bonne ville
sur notre vertueuse organisation. » (...)</em></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Le
numéro 40 fut bloqué et l’envoi impossible. Les PTT avaient reçu des consignes,
et nous, une lettre du secrétaire général de <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname> paritaire,
en date du 21 janvier 1974 (n° 73215). »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/.novembre2015_054_m.jpg" alt="novembre2015_054.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Qu’annonçait ce courrier ? En
substance, la suppression du numéro d’inscription d’</span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 18.9333px;">« </span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">Actual-Hebdo »
à </span><st1:personname productid="la Commission" w:st="on" style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">la Commission</st1:personname><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">
paritaire, au motif fallacieux que le journal « ne remplissait pas les
conditions prévues à l’article 72, 4°, de l’annexe III du code général des
impôts » concernant la place de la publicité dans un journal.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« (...)
Notre journal avait mené une campagne très humoristique sur les bouffissures de
Georges Pompidou et avait soulevé, par ses révélations, beaucoup de lièvres. De
plus, un véritable mouvement structuré s’organisait autour de notre feuille. Il
n’était pas possible au tout-pouvoir de laisser vivre officiellement cette
force montante.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Bien
sûr, le ministère de l’Intérieur aurait pu nous interdire. Mais ses
fonctionnaires n’ignoraient pas que nous utiliserions cette interdiction à des
fins publicitaires et que nous ferions paraître, sans délai, sous un autre
titre, un hebdomadaire identique. Il fallait donc trouver une solution qui nous
étranglerait et nous ferait périr, en évitant à tout prix le scandale. On nous
savait fort pauvres, et en pleine période de promotion. En nous supprimant les
avantages de la commission paritaire, on mettrait fin à notre existence. Les
sommes consacrées à nos envois seraient multipliées par vingt-deux. De 0,7 centime,
nous passerions à 15 centimes pour un exemplaire routé. Aucune entreprise,
aussi solide soit-elle, ne peut multiplier une partie de ses dépenses par
vingt-deux. Nous dûmes donc céder à la pression, stopper net notre parution et
rembourser en fin d’exercice nos abonnés. Les stocks de papier que nous avions
prévus pour notre exercice 74, nous restaient sur les bras. Catastrophe d’ordre
moral à laquelle s’ajoutèrent, bien sûr, de sérieux ennuis de trésorerie.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Le
tout-pouvoir pouvait être fier de sa victoire, car, du jour au lendemain, il
nous avait coupés de nos sympathisants qui étaient disséminés dans toutes les
régions de l’hexagone. Nous étions en janvier 1974, et nous nous approchions à
grands pas de l’affaire des chèques Pompidou. Des milliers d’heures de travail,
beaucoup d’espoir et d’amour étaient réduits à néant à la suite d’une décision
particulièrement arbitraire, autant qu’injuste et stupide. »</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> </span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Extrait de <em>Pardon de ne pas être mort le 15 août 1974</em>, chapitre « Un
journal qui dérange », (archives NDF 1977) et du journal
« Actual-Hebdo » n° 23, 19</span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 18.9333px;"> </span><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">mai 1973 et n° 40, janvier 1974.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> </span></em></p>