Regards sur Micberth - Mot-clé - général MobutuCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLe corsaire de la Républiqueurn:md5:9bc21002d12b0fa3a97f6aaa3486b0292016-03-24T20:50:00+00:002016-03-24T21:41:51+00:00AMIci et làA.D.G.aventurierbaroudeurBob Denardchien de guerrecorsairegénéral de Gaullegénéral MobutuhérosJean LartéguyMicberthMoïse TshombéNasserprésident Abdallahvieux chef colonial <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">10 mars 1998. Micberth a noté sur son agenda : <em>« Rencontre avec <a href="http://www.jeuneafrique.com/141171/culture/bob-denard-le-mercenaire-des-comores/">Bob Denard</a>. Trois
axes : –</em></span><em style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 18.9333px;"> </em><em style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">Livres sur
son histoire. – Comité de soutien. – Mémorial. »</em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt; background-color: white;"> Ce sont les
trois principaux sujets qu’ils doivent aborder lors du déjeuner.
Ils ont longuement parlé au téléphone à plusieurs reprises auparavant, mais c’est
là leur première rencontre, en Picardie, chez Micberth (qui a refusé de se
rendre à Paris, chez les « sauvages »). Une rencontre
particulièrement chaleureuse, ponctuée de bons mots et d’éclats de rire </span><em style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">hénaurmes</em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt; background-color: white;">. Bob attend alors la sortie de son ouvrage
« Corsaire de </span><st1:personname productid="la R←publique" w:st="on" style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt;">la
République</st1:personname><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt; background-color: white;"> » prévue le mois suivant chez Robert Laffont,
« un récit sans dissimulation, où l’on découvre un homme qui a cru en la
force de l’engagement, de la fidélité et de l’honneur », lit-on en
quatrième de couverture. Micberth publiera quelques mois plus tard une critique du
livre de son ami.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><o:p><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.denard_2_s.jpg" alt="denard_2.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></o:p></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« L’ouvrage que Bob Denard vient de faire paraître chez
Laffont, en collaboration avec Georges Fleury, sous le titre « Corsaire de
<st1:personname productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:personname> »
est un excellent bouquin d’été. Il relate la vie « exemplaire » de ce
baroudeur des terres et des mers, de sa naissance, le 7 avril 1929 à Bordeaux,
jusqu’à la publication de son dernier livre. Si Bob Denard est un aventurier de
l’extrême, ce texte nous apprend qu’il est tout sauf un extrémiste. (...)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« C’est <span class="textexposedshow">au milieu des années 60 que j’ai découvert par la grande
presse l’existence d’un aventurier belge <em>(sic)</em>
qui fascinait les journalistes, indisposait l’ONU, faisait sourire les « rantanplan
», excitait les réservistes et pour qui les petites amies des prochinois se
pâmaient. Alain Camille, qui se rendit célèbre dans <st1:personname productid="la S←rie" w:st="on">la Série</st1:personname> noire, quelques années
plus tard, avec trois initiales : A.D.G., me parlait très souvent avec emphase
de ce Denard qu’il admirait presque autant que <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Lart%C3%A9guy">Jean Lartéguy</a>. Il est vrai que
cet homme suscitait en nous d’étranges sentiments. A cette époque, les jeunes
intellectuels de notre pays abandonnaient progressivement les idées bellicistes
pour un pacifisme fourre-tout qui commençait à bêler. Malgré cela, ce
« chien de guerre », par je ne sais quelle magie de l’image et du
texte, réveillait nos instincts guerriers et notre goût de l’exotisme.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Nous sortions d’une époque où
notre pays avait été humilié et occupé, nous méprisions l’armée pour ses échecs
en Indochine et en Algérie, et pensions que les vrais résistants étaient morts.
Il nous restait ces flots de vieillards béquillants à béret basque qui se
groupaient comme des moutons, le poitrail couvert de bimbeloterie, autour des
monuments aux morts, équipages qui ajoutaient à notre nausée des vieux. Enfin,
au dessus de cette soldatesque au garage, un guerrier, un vrai, qui choisissait
ses chefs, se battait selon les règles de son courage, héros maudit par l’ordre
du monde et qui flanquait le feu aux quatre coins de la planète !</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Le Black Mask et les westerns de
série B, Humphrey Bogart au cinéma, nous avaient préparés à cette « douce
complicité » avec des personnages hors du commun, chevaliers de
l’impossible, bringuebalés par les violences et les hasards de la vie, et qui
n’existaient que pour l’aventure, rien que l’aventure. Ils aimaient les femmes,
la fidélité à leurs instincts, l’amitié rude des hommes. En secouant leurs
bottes poussiéreuses, ils pissaient sur les lois et tutoyaient Dieu en se
grattant énergiquement la sous-ventrière.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Bien sûr, tout cela relevait
d’une foncière naïveté de notre part, mais a-t-on le droit d’être aigri à vingt
ans ? Dans une France dominée par la haute stature du général de Gaulle,
peuplée de chevaliers « braillards », Bob Denard nous apparaissait
comme un seigneur anomique. Il n’était pas le papa au ventre rond et à
l’haleine courte, ni le beauf’ capable de représenter <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Gamal_Abdel_Nasser">Nasser</a> à la fin des repas
de communion avec un poing serré, deux boutons de braguette et une serviette de
table. Il n’était pas le pékin vulgaire qui servira de repoussoir et de levier
aux agités de Mai 68, mais le héros qui sortait tout frais et tout neuf d’un passionnant
livre d’aventure. </span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Et c’est bien ce que nous
propose aujourd’hui, en 448 pages, Fixot, chez Robert Laffont. Un récit qui
commence à Grayan dans le Médoc où le solide gaillard Robert travaille à la
ferme et dans les bois, et qui ne sait pas encore qu’il deviendra une légende
mondiale et un sacré phénomène médiatique.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Comme je l’ai dit plus haut,
chacun pourra découvrir au fil de sa lecture : <st1:personname productid="la Lib←ration" w:st="on">la Libération</st1:personname>,
l’engagement de Bob dans <st1:personname productid="la Marine" w:st="on">la
Marine</st1:personname>, sa première blessure par l’explosion d’un GMC, ses
friponneries extrême-orientales, son séjour aux Etats-Unis, le policier du Maroc
mêlé de loin à un attentat contre Mendès France (quatorze mois de prison quand
même), le début des luttes contre le terrorisme, un premier acquittement, le
Katanga, le Yémen, le Zaïre de <a href="http://www.africafederation.net/Katanga_Histoire.htm">Moïse Tshombé</a>, le <a href="http://www.africultures.com/php/?nav=personne&no=9929">général Mobutu</a> alors
commandant en chef de l’armée nationale congolaise, la première blessure grave
à Kisangali (qui fera dire à un imbécile de ma connaissance que depuis cette
époque, Bob aime faire toucher son trou de balle), le Biafra où Denard
apparaîtra pour la première fois comme un mercenaire de la charité, le
Kurdistan, <st1:personname productid="la Libye" w:st="on">la Libye</st1:personname>,
l’Angola, le Bénin qui lui vaudra de gros ennuis... et j’en passe mille et des
meilleures...</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Qui est Bob Denard ?
Question complexe. L’homme tutoie les soixante-dix printemps avec une allure et
une vitalité de baroudeur de la cinquantaine épanouie. Il a une belle gueule,
une claudication qui ajoute à la personnalité du vieux chef colonial. J’aime
bien qu’un curé ressemble à un curé, qu’un notaire soit chauve et rond, et
qu’une pute ne s’attife pas en marquise pour se la jouer. <span style="text-transform:uppercase">ç</span>a me rassure... Bob porte beau, il a
la tête de ce qu’il est. C’est déjà bien, je suis las des séducteurs qui
sentent l’étable et des baroudeurs que l’on croit sortis tout droit de chez
Michou. Chez Bob, la poignée de main est ferme, il est chaleureux et réservé.
Il donne une impression de solidité. On sent qu’il a beaucoup aimé les femmes,
qu’il les aime et qu’il les aimera post mortem. Aujourd’hui c’est presque un
anachronisme de dire ça, en tout cas une singularité.</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Quand on aime Bob Denard (on
aura compris que je ne le déteste pas), c’est en bloc, entièrement comme
lui-même est entier. Pourtant, je me permettrai quelques critiques, au risque
de me faire à nouveau enguirlander par le colonel. Si le livre est
incontestablement une réussite, un chouette moment d’évasion, il pèche
néanmoins de deux façons. La première est de vouloir nous faire accroire la
dimension progressiste de l’aventurier. La deuxième est de révéler sa
participation, même très éloignée, aux attentats contre Mendès France et le
général de Gaulle. Quelques semaines avant les assises pour le meurtre du
<a href="http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/servlet/BMEve?codeEve=1026">président Abdallah</a> des Comores, c’est pour le moins irresponsable ou relève
d’une tragédie qu’un savant procédurier devrait bien m’expliquer. La concession
progressiste, c’est cette manière haïssable de vouloir justifier tous ses actes
par la morale fourre-tout à la mode. Ça me fait penser à ces westerns dans
lesquels le fils indigne, de nationalité mexicaine, vient avec toute sa bande
pour voler, égorger, violer la mère. En enfonçant doucement son poignard dans
la gorge de la pauvre femme terrorisée, il lui dit : <em>« Tou vas êtes contente, madre, pour té touer, yé mis mon costoume
dou dimance ».</em> (Micberth in <em>Histoire
locale</em>, printemps 1998)</span></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span class="textexposedshow"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/Bob_Denard1.jpg" alt="Bob_Denard1.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></span></span></p>