Regards sur Micberth - Mot-clé - intellectuelsCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLa haine des intellectuelsurn:md5:2a0333500cd5bb258e706003c5e49b432020-01-12T17:40:00+00:002020-01-12T19:04:13+00:00AMIci et làanarchistes de droiteanti-intellectualismeantidémocratesBloy (Léon)Célinedroits de l hommeEdouard DrumontFrançois RichardGeorges BernanosgermanopratinintellectuelsJacques LaurentJacques PerretJean AnouilhJean DanielJean-Jacques RousseauJean-Paul SartreMicberthNouvel ObsPol VandrommeRoger NimierSarah Al-MataryÉmile Zola <p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
Dans son <a href="https://www.lepoint.fr/societe/ceux-qui-se-dressent-contre-les-intellectuels-s-y-apparentent-frequemment-21-04-2019-2308729_23.php">essai sur
l'anti-intellectualisme en France</a>, notamment depuis deux siècles,
<a href="http://univ-lyon2.academia.edu/sarahalmatary/CurriculumVitae">Sarah Al-Matary</a> cite Micberth qu'elle range avec Pol Vandromme au
rayon des antidémocrates, tous deux ayant rouvert le « procès
des droits de l'homme » après la <a href="https://www.vie-publique.fr/fiches/38293-role-de-la-cour-europeenne-des-droits-de-lhomme-cedh">ratification de la Convention
européenne</a> par notre pays en 1974. A propos de Micberth, elle
écrit : « <span style="background: #ffffff">Psychologue,
journaliste, poète et éditeur, qui eut quelques démêlés avec la
justice (1), (Micberth) nie l'égalité des intelligences et
considère que « </span><em><span style="background: #ffffff">Si
la technologie a connu un essor prodigieux, l'intelligence a stagné.
Quelle distance sépare Sartre de Platon ? Infime, pour ne pas
dire inexistante ».</span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">La
haine des intellectuels n'est certes pas un sujet nouveau et Mme
Al-Matary a bien du mérite de proposer une somme d'environ 400 pages
sur cet épineux sujet. François Richard y avait consacré un
chapitre dans son </span><em><span style="background: #ffffff">Que
sais-je ? s</span></em><span style="font-style: normal"><span style="background: #ffffff">ur
les anarchistes de droite paru en 1991. </span></span><span style="font-style: normal"><span style="background: #ffffff">Sa
démonstration repose sur trois points : 1. Les
« intellectuels » ont le mal du réel ;
2. L'illusion progressiste ; 3. De la perversion au
terrorisme idéologique. Pour F. Richard, tous les auteurs qu'il
classe sous la bannière anarchistes de droite </span></span><span style="font-style: normal">«
stigmatisent l'enfermement de certains penseurs dans le monde des
idées, dénoncent un entêtement spécifique doublé d'impuissance,
critiquent un agenouillement (jugé évident) devant l'esprit du
temps et soulignent surtout un divorce entre la pensée et la
réalité... » </span>Si
Anouilh remarque que « le fleuve de salive des intellectuels
n'a jamais modifié aucun fait », Bernanos, lui, déclare que
« l'intellectuel est si souvent un imbécile que nous devrions
toujours le tenir pour tel jusqu'à ce qu'il nous ait prouvé le
contraire ». Quant à Céline, il estime que l'intellectuel est
« futile ».</p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; background: #ffffff"><strong><span style="background: #ffffff">Le
mal du réel</span></strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">L'hostilité
anarcho-droitiste à l'endroit des intellectuels « vise tout ce
qui est d'obédience strictement théorique, tous ceux qui font
passer leur goût de l'hypothèse et de la métaphore avant le sens
de l'expérimentation et les dures leçons des faits. » Toute
attitude idéologique leur paraît haïssable. Ainsi Micberth
confirme : </span><em><span style="background: #ffffff">« Je
regarde les faits en tant que tels, sans modifier avec passion les
règles du jeu. Je considère cela comme de l'hygiène mentale et de
la simple honnêteté. » </span></em><span style="font-style: normal"><span style="background: #ffffff">La
réalité ne peut être indéfiniment interprétée et toutes les
idées ne se valent pas. </span></span>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">« Il
n'y a pas d'idées généreuses, écrit Jacques Perret, elles sont
bonnes ou mauvaises, c'est tout. » Et il est souvent fort
simple de recenser toutes les contradictions rencontrées chez les
intellectuels contemporains. Jacques Laurent, par exemple, évoque
Sartre en ces termes : « Sous un maquillage marxiste,
Sartre restait le chantre de lui-même ; témoignant d'une
négligence souveraine pour les réalités économiques et les
circonstances historiques, il satisfaisait simplement un besoin
barrésien de prouver aux autres sa virilité en s'adonnant aux
prestigieuses fureurs de la </span><em><span style="background: #ffffff">praxis</span></em><span style="background: #ffffff">. »
Quant à Micberth il voit les antifascistes d'alors plutôt comme des
apprentis sorciers que comme des sauveurs de la démocratie. Il
écrit : « </span><em><span style="background: #ffffff">L'Histoire
le hurle, c'est toujours le juifaillon qui engendre le nazillon. A
force de crier : au loup ! dans le bocage sécurisant de
nos démocraties popotes, un jour le loup sortira vraiment de sa
tanière. Les idéologues hébreux qui se prennent volontiers pour
Cassandre, à force de prophéties noires et mortifères, excitent et
exacerbent les bas instincts de la lie en mal d'exactions et
réveillent la fureur sauvage des benêts qui n'attendent que cette
occasion pour s'attifer de chemises brunes et imposer à coups de
gueule et de poings leur terreur de brutes aveugles et cruelles. »</span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Tous
les intellectuels, tous les écrivains, philosophes, journalistes,
militants (généralement « de gauche »), qui se sont
intégrés à un système social et politique qu'ils combattaient
auparavant, qui ont fait carrière et sont devenus les rouages de la
société de consommation qu'ils prétendaient détruire, « sont
surtout des gens qui ont passé leur temps à tromper et à se
tromper ». Férus d'utopie, ils ont dressé un catalogue de
principes défaitistes, d'idéaux politico-philosophiques dévoyés.
</span><em><span style="background: #ffffff">« Que
nous montre-t-on ? </span></em><span style="background: #ffffff">écrit
Micberth</span><em><span style="background: #ffffff">.
Des dogmes et des manifestes irréalistes, basés sur des valeurs
poussiéreuses, violentes et sans espoir. Une politique bouffonne,
une sciencette qui tue sous prétexte de soigner, une information
tronquée et truquée, des loisirs imposés et ternes... »</span></em></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; background: #ffffff"><strong><span style="background: #ffffff">L'illusion
progressiste</span></strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Force
est de constater que le progrès intellectuel et moral est inexistant
et qu’en dépit de progrès techniques appréciables, « l’Occident
vit une ère de décadence évidente, dissimulée aux regards des
naïfs par des déclarations fracassantes », selon F. Richard.
Aucune évolution positive n’est envisageable dans un monde absorbé
par sa civilisation technique, déserté par la spiritualité et
centré sur des impératifs politiques aberrants.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Micberth
résume ainsi notre monde</span><em><span style="background: #ffffff"> :
« Un peuple libre et cossu, sans idéal, sans grande
aspiration, est un peuple décadent, donc moribond. De tristes
philosophes ont pénétré sur le terrain du combat des idées, en
plantant la bannière du bien-être, du bien-jouir. Spontanément,
les combattants qui n'étaient que des hommes ont déserté leur
idéal pour se vautrer aux pieds des tribuns de la facilité. »
</span></em><span style="background: #ffffff">Et
il ajoute</span><em><span style="background: #ffffff"> :
« Si la technologie a connu un essor prodigieux, l'intelligence
a stagné. Quelle distance sépare Sartre de Platon ? Infime
pour ne pas dire inexistante. » (…) « Fourier, Marx et
Freud n’ont pas fait leurs preuves. Le temps caricature leurs
œuvres et ridiculise leurs idées. »</span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Les
intellectuels cultivent des utopies, comme la croyance en une bonté
originelle de l’homme, « Toute l’ignoble imposture de
<a href="https://www.histoire-en-citations.fr/citations/rousseau-la-nature-a-fait-l-homme-heureux-et-bon-mais">Jean-Jacques</a> : l’Homme est bon », dont s’indignait
Céline. « L’homme ne peut prendre une dimension morale,
vraiment humaine, écrit François Richard, que s’il domine et
sublime son animalité et s’il ne se soumet jamais au consensus
général et à la médiocrité. » Les intellectuels sont
souvent irréalistes et loin d’être exemplaires, ils proposent des
conceptions politico-philosophiques aberrées dans leurs écrits
relayés par la presse, exerçant une influence funeste sur l'opinion
publique.</span></p>
<p align="CENTER" style="margin-bottom: 0cm; background: #ffffff"><strong><span style="background: #ffffff">Le
terrorisme idéologique</span></strong></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Plutôt
qu’aider l’homme à s’améliorer, les intellectuels vont dans
le sens de ses faiblesses et popularisent un goût pour l’abstraction
et l’irréalité. Bloy écrit : « Ce n’est pas d’hier
qu’on abuse de la parole ou de l’écriture pour l’extermination
de la pensée. » Quant à Nimier, il dénonce « le flou,
le mou, le ténébreux, le narcissisme, les infinis faciles ».</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Les
intellectuels ne remplissent pas leur rôle de guides ou de maîtres
à penser et vont même jusqu’à pourrir « les fondements
naturels et culturels de la société. Pour Drumont, Zola est « un
pornographe de profession », pour Céline, Sartre apparaît
comme « un foutu donneur, une bourrique à lunettes, une
ventouse baveuse… »</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Quant
à « l’éblouissant Jean Daniel » (fondateur du
</span><em><span style="background: #ffffff">Nouvel
Observateur</span></em><span style="background: #ffffff">
en 1964), Micberth le présente ainsi dans </span><em><span style="background: #ffffff"><a href="https://histoire-locale.fr/livre/DIVERS-0016.html">La
Lettre</a></span></em><span style="background: #ffffff"> :
</span><em><span style="background: #ffffff">« Faux
bonhomme, faux libéré, faux talent, faux semblant, faux socialiste,
faux journaliste, faux penseur, fausse audience, faux-fuyant, mais
vraie vraie salope. Depuis vingt ans, lui et son équipe du </span></em><span style="background: #ffffff">Nouvel
Obs</span><em><span style="background: #ffffff">
sont passés à côté de l'authentique, du singulier, de
l'essentiel, de l'important pour ne privilégier, avec une
opiniâtreté qui force la considération des ânes, que le dérisoire
des sciences humaines et son cortège d'idoles de pacotille. »</span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff">Le
progressisme est devenu, selon Pol Vandromme, « le refuge du
conformisme totalitaire ». Et le silence de « l'idéologie
dominante » sur la dissidence se double d'une absence
d'autocritique préjudiciable pour tous, car </span><em><span style="background: #ffffff">« en
omettant de prendre en compte les épiphénomènes les plus cruels de
son Histoire, </span></em><span style="background: #ffffff">remarque
Micberth</span><em><span style="background: #ffffff">,
en utilisant négativement ses forces politiques comme tristes
exutoires occasionnels, </span></em><span style="font-style: normal"><span style="background: #ffffff">(la
démocratie)</span></span><em><span style="background: #ffffff">
perpétue la barbarie et freine l'évolution intelligente des
hommes ».</span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="font-style: normal"><span style="background: #ffffff">Les
intellectuels ont sans doute intérêt à entretenir le feu sacré de
l'humanitarisme militant, un régime moins complaisant risquant de
compromettre leur carriérisme. </span></span><em><span style="background: #ffffff">«
Quand on est un petit mec de la littérature,</span></em><span style="font-style: normal"><span style="background: #ffffff">
écrit Micberth (à propos d'un auteur <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Germanopratin">germanopratin</a> bien connu), </span></span><em><span style="background: #ffffff">un
failli, un réputé plagiaire, et un pou satisfait des idées ;
quand on se sait évanescent zigomar et que l'on veut en serrant ses
petits poings volontaires faire grande œuvre utile, on s'accroche
désespérément à la sacro-sainte démocratie républicaine. »
</span></em>
</p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff">
<span style="background: #ffffff"> <span style="font-style: normal">Tandis
que Pol Vandromme rejette « le monde moderne, l'État qui se
liquéfie comme une outre crevée sur le carreau des Halles... Ce
goût de tromper, d'avilir, de tout uniformiser, de fabriquer des
robots, d'assimiler le confort à la civilisation... »,
Micberth quant à lui, dénonce les pièges de l'autoritarisme, de
gauche, comme de droite : </span></span><em><span style="background: #ffffff">« Napoléon,
Hitler, Staline, Mao dorment suavement dans le cœur de millions de
petits d'homme et plus on fera étinceler les horreurs, plus on
avancera l'échéance du nouveau chaos ».</span></em></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff; font-style: normal">
<span style="background: #ffffff">Et
si l'on en croit Jean Anouilh : « Nous sommes dans un monde
absurde où la vérité coûte cher ». CQFD.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff; font-style: normal"><span style="background: #ffffff"><br /></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: #ffffff; font-style: normal">
<span style="background: #ffffff">(1) Mme
Al-Matary fait alllusion à l'affaire des chèques Pompidou. <a href="http://micberth.org/index.php?post/2014/08/15/Un-certain-15-ao%C3%BBt">Lire ou
relire ici l'article qui la relate.</a></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: rgb(255, 255, 255);"><span style="background: rgb(255, 255, 255);"><em>Sources :</em></span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: rgb(255, 255, 255);"><span style="background: rgb(255, 255, 255);">Sarah Al-Matary, <a href="http://micberth.org/index.php?post/2020/01/12/seuil.com/ouvrage/la-haine-des-clercs-sarah-al-matary/9782021048094">« La haine des clercs. L'anti-intellectualisme en France »</a>, éd. Seuil, 2019.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: rgb(255, 255, 255);"><span style="background: rgb(255, 255, 255);">François Richard, <a href="https://www.cairn.info/les-anarchistes-de-droite--9782130435600.htm">« Les anarchistes de droite », <em>Que sais-je ?</em></a>, PUF, 1991 et 1997.</span></p>
<p align="JUSTIFY" style="text-indent: 0.5cm; margin-bottom: 0cm; background: rgb(255, 255, 255);"><span style="background: rgb(255, 255, 255);"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.2019-11-17_047__2__m.jpg" alt="2019-11-17_047__2_.JPG" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></span></p>