Regards sur Micberth - Mot-clé - loi DebréCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearLe printemps des lycéensurn:md5:880225824e48b2e0c1f28bbe0de2409d2016-04-03T17:36:00+01:002016-04-03T17:36:00+01:00AMHumeur du jourActual-HebdoconscriptionDaniel Cohn-Benditloi DebréMai 68Micberthrévoltes lycéennessursis miltaires <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; text-indent: 14.2pt; background-color: white;">Alors c’est dit. A l’instar de leurs papys en 68, les lycéens
descendent dans la rue chaque année au printemps. Bravo les papys, bel
exemple ! Il faut remonter jusqu’en mars-avril 1973 pour trouver la
<a href="http://fresques.ina.fr/jalons/fiche-media/InaEdu01071/la-mobilisation-lyceenne-contre-la-loi-debre-en-1973.html">première grande manifestation de la jeunesse</a> d’après Mai 68. La mobilisation
lycéenne aura alors une ampleur inégalée : 500 000 manifestants dans
environ 250 villes et 70% des lycées en grève. La jeunesse proteste contre la
<a href="http://www.larousse.fr/archives/journaux_annee/1973/355/education">loi Debré</a> qui veut supprimer les sursis militaires au-delà de 21 ans. Le départ
au service militaire doit désormais avoir lieu à l’âge de 20 ans. Micberth, qui
est pourtant contre la conscription et a aidé de nombreux jeunes gens à y échapper,
prend alors la plume pour dénoncer deux ou trois choses qui le titillent dans le mouvement lycéen.</span></p>
<p class="MsoNormal" align="center" style="text-align:center"><strong><span style="font-size: 13pt; font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">Les lycéens</span></strong></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« A
contre-courant je serai une fois encore. Je suis contre, et fermement contre,
les révoltes lycéennes et étudiantes de ces derniers jours. En Mai 68 je fus
investi par le Mouvement du 22-Mars et le comité de l’ex-Odéon, de la haute
fonction pouèt-pouèt de leader révolutionnaire pour le Centre-Ouest. Tu vois un
peu le chef que j’étais... Inutile de te dire que les poteaux à <a href="http://micberth.org/index.php?post/2015/09/27/Daniel-Cohn-Bendit">Cohn-Bendit</a> y
z’ont été priés d’aller se rhabiller. Je dis ça pour montrer que je ne suis pas
le dernier à bouger quand il s’agit de bien bouger. Mais là, du coup, je
retourne la veste.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Pas
complice des petits pubères je suis. Mais alors pas du tout ! Chaque jeune
Français qui désire ne pas effectuer, pour des raisons personnelles, son
service militaire, peut, s’il possède un
peu de force morale, éviter cette triste connerie. Il ne m’est pas
possible de vous expliquer comment : le ministre des Armées lit « Actual »
(à l’envers parce qu’il est triste con, comme chacun sait, mais il le lit). Si
tu veux un tuyau, écris-moi. Où j’en étais ? Ah oui ! En 1968 j’ai
vécu une révolte saine de la jeunesse, la révolte du ras-le-bol, du
ça-commence-à-bien-faire. Tous les jeunes tiraient les pavés, qu’ils soient de
droite ou de gauche. Et puis j’ai vu la politique rappliquer avec ses gros sabots
merdeux, les syndicats, les partis. Et tout le monde a chié dans son froc. De
Gaulle a claqué des doigts, et en cela je l’approuve, et tout le monde il est
retourné à son métro-dodo-boulot, sagement. Quelques folkloriques ont persiflé
en flirtaillant avec la pègre. Ils furent décimés, ce qui est bien fait pour
eux, na ! Les autres, la grande cohorte des jeunes cons, ceux qui
remplaceront les vieux cons dans quelques années, ont porté le képi, la robe du
magistrat, la carte tricolore du commissaire de police. Récupérés, comme on
dit. Les purs – une poignée –, ont été inculpés, jetés en prison, ou empêchés
d’exister convenablement. J’en fais partie. Quelques centaines au plus.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Alors
comprenez que cette fois-ci je suis pas
bon. Pas envie d’être exterminé et de voir mes petits copains profiter de mon
martyre. Pas l’âme pour ça...</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« Qu’il soit
prolo ou richard, chaque jeune conscrit peut éviter l’armée. S’il est con c’est
une autre affaire. Tant pis pour sa gueule ! A chaque fois c’est le même
truc. Tant que ça ira, ça ira. On part à 300 000 et on se retrouve 2 ou 3
zigs devant le juge d’instruction. Les autres sont fils ou gendre du juge
d’instruction, ou du procureur, ou du bougnat, ou du mari de la tante à la
concierge qui connaît un employé au ministère de l’Intérieur. J’en ai marre de
vos trognes, jeunes merdeux ! Après <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Daniel_Filipacchi">Filipacchi</a>, ce fut <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Pop_art">le pop</a>. Après le
pop, Guevara. Après Guevara, Mao. Après Mao, <a href="https://lectures.revues.org/10338">le situationnisme</a>. Après le
situationnisme, <a href="https://fr.wikipedia.org/wiki/Jesus_Christ_Superstar_(film)">Jésus superstar</a>. Après Jésus, la loi Debré. Vous êtes tous
maintenant épiciers, ingénieurs, toubibs, pédeux, pédales, bien structurés.
Vous avez fait de <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname>,
malgré vos coups de gueule, un des premiers pays industriels. Alors moi j’en ai
marre de payer les pots cassés pour vous, d’avoir mon nom dans les comptes-rendus
d’audience du journal local. J’en ai marre d’être montré du doigt, d’avoir les
flics chez moi tous les quatre matins.</span></em></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">« C’est fini.
Vous êtes des petits cons après les autres petits cons. Au prochain casse-pipe
vous serez des centaines de milliers à vous précipiter dans vos rangers pour
aller jouer aux petits soldats, sous les ordres d’un Debré quelconque. Jésus a
changé la morale. Le Mahatma Gandhi a libéré à lui presque tout seul son pays.
De Gaulle a regroupé à la suite de son appel du 18 Juin les dissidents de 40
pour botter le cul aux nazis. C’est l’entreprise individuelle qui compte. Le
collectif, ou le collectivisme, comme tu veux, pue. Aux chiottes les plus de
cinq ! Je tire dans tout rassemblement. Tatatatata. Tu prends 200 mecs extrêmement
doux, tout à fait intelligents et raisonnables. Tu les mets ensemble, tu les
excites, et t’en fais les pires ordures. Y’en a marre des p’tits cons. Les
p’tit cons à la niche ! » </span></em><span lang="EN-GB" style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;">(Micberth-Asudam <em>in Actual-Hebdo</em> n° 17,
7 avril 1973)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span lang="EN-GB" style="font-family: TimesNewRomanPS; background: white;"><o:p> <img src="http://micberth.org/dotcl/public/.actual_n17_m.jpg" alt="actual_n17.jpg" style="margin: 0 auto; display: block;" /></o:p></span></p>