Regards sur Micberth - Mot-clé - vitesseCe site est consacré à M.-G. Micberth (1945-2013) : sa vie, son œuvre, sa pensée.2024-03-18T20:50:19+01:00urn:md5:ac4b6ea9a30e8880b48c8c986eb72543DotclearVitesse limitéeurn:md5:7eb8b3833a3d712a3a1447c1728a52732013-07-20T14:38:00+01:002018-01-22T18:24:20+00:00AMIci et làActual-HebdoEric AsudamJean Royerle style mèqueMaurice Druonvitesse <p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt;line-height:
150%"><span style="font-family: TimesNewRomanPS; line-height: 150%; text-indent: 14.2pt;">Le sujet est récurrent et
préoccupe nos dirigeants depuis de longues années. Pour preuve, ce texte de
Micberth-Asudam publié le 14 juillet 1973, soit (si le compte est bon) il y a
tout juste 40 ans ! Et toujours rien de nouveau sous le soleil. Le style </span><em style="font-family: TimesNewRomanPS; line-height: 150%; text-indent: 14.2pt;">mèque</em><span style="font-family: TimesNewRomanPS; line-height: 150%; text-indent: 14.2pt;"> de cet article intitulé
« Kilomètre », est du pur Asudam, celui des années 1970 qui
fleurissait dans le journal pamphlétaire <em>Actual-Hebdo</em> (Cf.
rubriques « Biographie sommaire » et « Le pamphlétaire ».)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"> </span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Paraît, c’est le porte-coton du
gouvernement qui le dit, que la limitation de vitesse imposée par nos princes
aurait effectivement réduit l’hécatombe du premier week-end de juillet. Hi, hi,
des cons se laisseront prendre à ces déclarations mensongères, toi, toi et toi.
Têtes de petits piafs, pignoufs incongrus.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Alors toi aussi, gaucho de mes deux, tu
penses que la vitesse est un fléau et qu’il faut châtrer tous ces fous du
volant qui pulvérisent dans l’Olympe les familles françaises méritantes
obsédées par les joies bucoliques ? Tu penses ça, dis ? Eh ben mon
grand et sauf ton respect, permets-moi de t’apprendre que tu cogites avec les
arpions, ouais môssieur, avec les pieds.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Facile à comprendre, bon dieu, la vitesse
pour nous autres est une seconde nature. Allez hop, chevauchons le luma, aïe
donc la bête, crébonsouère, avance bijou, hue ! Bien calé sur la coquille
du gastéropode, tu fais corps avec l’animal, tu lui arraches les flancs sous
les molettes de tes éperons d’argent, hue, avance, avance, et te voilà tout
grisé de vitesse ; la poussière du chemin collée sur ton front noyé de
rosée, hue ma garce, ma fille, mais hue donc, slack, ton fouet siffle et
claque, slack et ton luma fait ce qu’il peut, secrétant tout le mucus visqueux
de son pied musculaire ventral pour te faire glisser encore plus vite sur ton rêve.
Tu abuses, tu en demandes trop, alors il se cabre, holà, tout doux, paix bijou,
paix hooo, et ton luma s’apaise, la gueule tordue par le harnais maintenu par
ta poigne de fer poilue. La gonzesse qui te suit pisse d’admiration dans sa
nuisette et te roule des yeux gourmands. T’es comblé glandu, hein ? Oh pas
pour longtemps car tu remplaceras bien vite l’escargot par la bique, la bique
par le cheval et le canasson par un bolide de sport.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« T’es comme ça, mon grand, qu’est-ce que tu
veux y faire ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« La société t’a vendu des bagnoles légères
comme le cerveau de M. Pompidou. Des tires incomplètes, sans réelle sécurité.
Pas de routes appropriées. La société elle est comme ça, pas compliquée pour
deux ronds, pas bêcheuse. Elle se fout de ta vie ou de ta mort, l’important est
que tu bouges et en bougeant que tu déplaces du pognon. A ta mort, ta famille
bougera pour toi et fera circuler le pèze pour ton jouli pitit enterrement,
pour ta tombe.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Tu commences à piger maintenant. Non ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS"><img src="http://micberth.org/dotcl/public/.Patchou_m.jpg" alt="Micberth et son âne Patchou (2010)" title="Micberth et son âne Patchou (2010), juil. 2013" style="margin: 0 auto; display: block;" /><br /></span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Ah, j’oublie de te dire que depuis quelques
années déjà nous sommes en République. <st1:personname productid="La R←publique" w:st="on">La République</st1:personname>, c’est – comment te dire – heu, la
monarchie des bourgeois. <span style="text-transform:uppercase">é</span>tymologiquement,
ça veut rien dire mais je vois bien que tu me comprends. Avec la monarchie, on
savait au moins d’où les coups venaient et qui les donnait. Propre et franche
elle était. Tu te disais : « Si je bouffe pas à ma faim, je sais ben
pourquoué. » Tu suçais ta racine et tu fermais ta gueule pour éviter le
pilori. Les nobles étaient cons et désuets ; les bourgeois sont rusés et mauvais.
Tu vois d’ici la différence entre un mec couvert de dentelles et prout-ma-chère
et un manouvrier sournois. Je te fais pas un dessin. Le bourgeois a inventé la
démocratie dans le but de te faire avaler que tu deviendrais responsable de ton
sort et de la destinée de ton pays. Désormais un petzouille représenterait par
le jeu des élections et sous le couvert d’une bannière politique quelconque,
des centaines de milliers de cons comme toi et disposerait de ton corps
(service militaire) et de ton âme (propagande) par délégation de lois et
décrets qui t’étrangleraient chaque jour davantage. C’est-y pas ça ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Tu te laisses faire car tu es
essentiellement lâche. Une minorité se fait chaque jour péter la gueule pour
toi et ça te suffit. (Je parle des vraies minorités agissantes et non pas des
mouvements publicitaires progouvernementaux comme <st1:personname productid="La Ligue" w:st="on">La Ligue</st1:personname> communiste ou Ordre
nouveau. Ces extrêmes officialisés qui bénéficient de la pub télé et radio.
Point.) Des fouais (lis <em>des fois</em>) tu
sens ta couille se durcir et tu fondes avec quelques potes un petit mouvement
contestataire. Bien, mais à quoi cela sert-il ? Hein, dis-le. Trois ou
quatre pavetons sur la gueule d’un pauvre bougre de CRS, des défilés sans queue
ni tête avec des banderoles brandies, aux textes aussi tartignolles les uns que
les autres, quèques voitures incendiées, plus d’ailleurs par défoulement que
par détermination ou stratégie politique. <span style="text-transform:uppercase">ç</span>a
rime à quoi ça, dis gros cul, hein ?</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Et te voilà arborant le treillis et le
cigare cubain, tout original et jouasse de ta découverte. Petit con-suicide du
système. Chiotteries et tristesse.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Pendant ce temps-là, tu prêtes le flanc à
l’<span style="text-transform:uppercase">é</span>tat patron qui embauche des
flics à pleines casernes, tu imposes <a href="http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_Royer_(politique)">Royer</a> le fol et Druon <st1:personname productid="la Joie. Tu" w:st="on"><st1:personname productid="la Joie." w:st="on">la
Joie.</st1:personname> Tu</st1:personname> peux être fier de ton boulot, il y
a vraiment de quoi.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Je sais, je rabâche, t’as raison.
Arrêtons-nous là, j’en reviens à la limitation de vitesse, le pied sidéral.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« En te limitant à <st1:metricconverter productid="100 km/h" w:st="on">100 km/h</st1:metricconverter>, le gouvernement
vole ta liberté d’homme, mon grand. Il t’initie aux chaînes du cachot en
t’obligeant à t’entraver dans ta propre voiture avec une ceinture de sécurité
dont l’efficacité reste d’ailleurs à démontrer. Tu deviens le maître de ta
prison et comme ta prison circule, on a prévu des gendarmes un peu partout pour
que tu n’aies pas l’idée saugrenue de te libérer en roulant.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Chouette, non ? Les infectes salauds.</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">« Et t’acceptes ce joug sous prétexte que tu
vomis la bagnole et le modernisme. Mon grand, je ne te le cacherai pas plus
longtemps, tu es un beau con. »</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify;text-indent:14.2pt"><span style="font-family:TimesNewRomanPS">Micberth <em>in Actual-Hebdo</em> n°
29, 14 juillet 1973)</span></p>
<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><o:p> </o:p></p>
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<p class="MsoNormal" style="text-align:justify"><o:p> </o:p></p>