« L’un des amis les plus fidèles du Bulletin nous a quittés. C’est grâce à lui que j’ai pu éditer quatre disques dont la plupart sont aujourd’hui épuisés : Arletty (réédité par Frémeaux), Albert Paraz, Céline sur les ondes (réunissant Bardèche, del Perugia, Vitoux, etc.) et Robert Le Vigan. Sans lui ces disques n’auraient jamais vu le jour.
« Grand admirateur de Céline, il avait subi son influence lorsqu’il s’était mué en polémiste sous le pseudonyme d’Eric Asudam. Cela lui vaudra en 1973 les honneurs du Crapouillot consacré aux pamphlétaires contemporains. Voici les lignes que lui avait consacrées Jacques d’Arribehaude dans le BC : « Les textes de Micberth ont l’admirable éclat d’une série de beignes appliquées à toute volée sur les faces de pitres, de loufiats et de tarés qui règnent sur ce pauvre monde et mettent à l’abrutir une opiniâtreté, une haine, une infamie dans la délation et le sournois verrouillage juridique, qui rendraient aimable le souvenir de l’Inquisition. Dans ce monde à ce point asservi et rampant, la sainte colère de Micberth, son ironie meurtrière, sont un réconfort, une bouffée d’oxygène, proprement inestimables. Tant de verve, et de si haute tenue, ne peut que mettre en appétit, mais il s’y mêle aussi, tout comme chez Bloy, des pages d’émotion, de gravité poignante, de poésie pure, qui témoignent d’une souveraine maîtrise de style dans une langue merveilleusement vivante. »
« Il faudrait aussi évoquer l’éditeur de monographies régionalistes, le poète, le théoricien de l’anarchisme et tant d’autres facettes de sa personnalité foisonnante. Ce que je retiendrai surtout ce sont ses qualités de coeur, cette merveilleuse faculté à encourager et à soutenir ceux qu’il appréciait. Ces dernières années, le pamphlétaire s’était assagi et avait fait sienne cette pensée de Pascal : « Nous sommes si présomptueux, que nous voudrions être connus de toute la terre, et même des gens qui viendront quand nous ne serons plus ; et nous sommes si vains que l’estime de cinq ou six personnes qui nous environnent nous amuse et nous contente. »
(Marc Laudelout in « Le Bulletin célinien » n° 353, juin 2013) http://louisferdinandceline.free.fr