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C’est par un entrefilet du « Bulletin Célinien » que j’apprends la mort de Michel-Georges Micberth (12 août 1945 - 19 mars 2013). J’avais lu pour la première fois son nom dans un article élogieux que lui avait consacré Jacques d’Arribehaude, en 1988 dans le même Bulletin. (J’avais vingt ans à peine, j’étais excusable de ne pas le connaître.) Je n’avais pas tardé à découvrir que les deux auteurs avaient été réunis par François Richard dans un « Que sais-je » consacré aux Anarchistes de droite, en la très-flatteuse compagnie de Léon Bloy, de Paul Léautaud, de Georges Bernanos et de je ne sais plus quels écrivains qui me soulevaient alors d’enthousiasme.

Ce n’est que douze ans plus tard je crois, bien après l’avoir lu par conséquent, que je rencontrai Micberth. Il m’avait en quelque sorte convoqué en son château d’Autremencourt, m’ayant téléphoné tonitruant : « Chalmin, vous avez peur de moi ! » Je ne l’ai visité que deux fois ; la troisième, j’ai manqué mon train. Nous nous parlions souvent au téléphone, il m’a beaucoup et très-généreusement encouragé à faire des choses grandes et magnifiques que je réserve à un avenir incertain.

J’ignore si Micberth qui entretenait sa légende a écrit des souvenirs ; ils seraient d’un grand intérêt s’ils survivaient aux autodafés familiaux de rigueur. Le silence absolu qui a marqué la mort d’un homme si singulier, d’un « aristocrate libertaire » authentique comme on s’est plu à le définir, signe évidemment notre époque vouée à la canaille moutonnière.

Pour moi, je perds un ami dont j’avais éprouvé la tendresse, qui sans doute s’était fait ogre par peur des petits enfants. (Pierre Chalmin, « Adieu à Micberth », 27 juin 2013, FB)