Je vois régulièrement et avec grand plaisir réapparaître sur Internet les vidéos de Micberth (entretiens, tribunes libres) diffusées sur Dailymotion. C’est ainsi qu’Axel de Saint-Mauxe vient de mettre sur Tweeter une interview sur la femme datant de 1981. On ne peut être plus à propos ! Cette interview avait été enregistrée pour le n° 2 de NEV (Nouvelle Elite Vidéomagazine) sorti en septembre 1981. L’excellent journal « Libération » nous avait alors joyeusement éreintés (comme tous les médias orientés, d’ailleurs). Le 12 octobre, il présentait « le premier mensuel qui tienne techniquement la route » en ces termes : « NEV c’est une heure trente de café théâtre à l’humour (?) estudiantin, dont on ne sait pas bien s’il est emprunté à Charlie Hebdo ou à Minute et au contenu débile ». Avec le recul, je trouve cela plutôt drôle. « Libé » avait une fois de plus tout compris.

Mon propos n’est pas de parler ici de NEV, mais plutôt de la Journée internationale de la femme devenue la Journée internationale pour les droits de la femme. Soulignons au passage que c’est le camarade Lénine qui en fut l’initiateur dans sa contrée, en 1921 et qu’en France, l’idée reprise par le MLF fut officialisée par l’ami François Mitterrand en 1982. (Cela dit pour la petite histoire et si mes informations sont bonnes.) La femme serait-elle vraiment un oiseau rare en voie de disparition ? A-t-elle absolument besoin du combat féministe pour survivre ? « C’est vrai qu’il était utile d’aider quelques pauvres femmes oligophrènes à se libérer des bourreaux domestiques », explique Micberth en 1974. « C’est vrai aussi qu’il était souhaitable d’informer le sous-prolétariat des méthodes de contraception actuelles. Mais de là à placer toutes les femmes dans un même panier et à hurler dans leur jardin qu’elles sont exploitées, tyrannisées, sous-développées, il y a des gouffres que Maître Halimi (NDRL : grande militante féministe de l’époque) n’a pas hésité à franchir avec ses bottes de sept queues. » (In « Le fol et la gueuse », 1974)

Il se trouve tout de même, en 2015, quelques femmes raisonnables pour s’insurger devant cette mascarade qui perdure. Ainsi, Bérénice Levet, qui écrit fort justement : « Le sel de l’humour qui a nourri les relations entre les sexes est en train de disparaître. Tout cela s’achève par des calculs sordides au sein de la famille : la répartition des tâches domestiques est pesée au trébuchet du fifty-fifty. » Et l’humour, c’est justement ce qui anime l’écriture et sous-tend la pensée de Micberth pour faire passer ses idées.

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Scène du tournage de NEV n° 2

Je reprends l’article « Le fol et la gueuse ». « Plus question pour nous autres, les gros mâles libidineux et faignasses, d’aborder la tendre grisette en lui susurrant les meilleures lignes des romantiques, en lui parlant d’un foyer à venir avec des enfants chauds et blonds qui rient et qui pleurent, qui jouent en shootant dans les étoiles, d’une vie truffée de petits plaisirs simples et délicats, de grosses peines vécues à deux, etc. Ce serait manquer d’esprit d’à-propos et se préparer à de cruelles désillusions.

« Avant même de connaître le prénom de la jolie donzelle, il convient de lui demander, tout de go : « Dis, môme, t’es vaginale, clitoridienne, utérine, anale ou buccale ? » C’est en fonction de la réponse que nous saurons, sans faille, où placer notre zizi sans déplaire à notre jolie compagne. Poétique, non ?

« Dans quelques mois, la fidélité de la femme dépendra de la lecture du compteur d’orgasmes par les autorités compétentes. Tout homme qui n’aura su offrir, après avoir fait le ménage, la vaisselle, torché les lardons, une vingtaine de fois le septième ciel à sa dame, se verra montrer du doigt, jeter sur le banc d’infamie, et contraint, après divorce, à verser une pension alimentaire équivalente à 75% de ses revenus globaux.

« On abat bien le choual malade, pourquoi pas l’homme ?

« Pour aller plus loin, pourquoi des hommes ? A quoi bon ? Quelques centaines pour perpétuer l’espèce, et ce serait l’ère des gougnottes, des amazones, des grandes saucisses enfin libérées. Youppiiiieee !

« Il n’y aura jamais d’égalité entre l’homme et la femme. Les lois de Nature ne l’ont pas voulu ainsi. Que Mme Tayeb (NDRL : Gisèle Halimi) le souhaite ou non, l’homme et la femme sont physiologiquement et psychologiquement différents. L’homme doit estimer sa compagne, celle-ci admirer plus que tout son mâle. Un couple sain ne peut vivre que sur ces critères-là.

« Une femme heureuse et épanouie n’est jamais contrainte par les travaux domestiques. Bien au contraire ! Quelle joie de plonger ses mains dans les eaux grasses pour le bonheur de celui qu’on aime ! Quelle sensuelle délivrance de frotter un parquet à la paille de fer ! Quel plaisir de se crevasser les doigts avec les détergents !

« Plaignons celles qui n’entendent rien à ces petites satisfactions qu’offre le mariage...»

(NDRL. Certes, rien n’est plus pareil en 2015 : on ne cire plus les parquets. Quel dommage !)

Alors, contre la femme, Micberth ? Oui, à l’instar de Sacha Guitry, contre, tout contre. « Les vraies femmes ont toujours été libres. Il n’y a que les coincées de la vulve pour brandir le poing contre le symbole phallique ; les vraies de vrai aiment le mâle avec tout ce que cela implique de brutalité, d’égoïsme, de truculence et de tendresse. »

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Couverture de NEV n° 2

 Je viens de me faire de nombreuses ennemies. A tous les lecteurs intéressés, je conseille d’écouter tranquillement les deux parties de « Micberth et la femme » sur Dailymotion.