Ces derniers temps, la tendance était plutôt à la défense coûte coûte de la République, cheval de bataille de nos politiques, à gauche comme à droite (et vice versa), qui s’accusaient réciproquement de ne pas « en être ». Vous savez, cette « République bâtie sur les cadavres de centaines de milliers de Français », selon la célèbre formule micberthienne….  La tendance a évolué et se dirige vers la critique de la démocratie, bien mise à mal avec la Grèce et son peuple, Gros-Jean comme devant. Je veux parler de la dernière « macronade » qui fait le buzz : « La démocratie comporte toujours une forme d’incomplétude, car elle ne se suffit pas à elle-même. » Un socialiste (picard de surcroît) qui réfléchit ne peut être complètement mauvais... Et qui est plus est, un socialiste qui déclare que le grand absent de la politique française serait « la figure du roi ».

Pour ce qui concerne cette dernière assertion, le lecteur pourra relire l’article « Thiers avait vu juste » publié ici le 22 février dernier. Quant à la démocratie, Micberth a souvent dit ce qu’il en pensait ici ou là. Le texte reproduit ci-dessous apporte peut-être un plus grand éclairage sur sa pensée.

 

La démocratie

 « Vous allez voter. Bon. Cela est votre affaire. Moi je ne vote pas. Comment voulez-vous que j’engage ma responsabilité sur des concepts prévisionnels (contradictoires) diffusés par le biais des réunions publiques et dans le tract 21x27 que prévoit la loi électorale pour chaque candidat ? Le môssieur qui gesticule sur la scène et qui s’acharne à me convaincre aurait, comme ça d’un coup, si je votais pour lui, la prétention inadmissible de me représenter et de représenter en plus les dizaines de milliers de personnes qui vivent dans ma circonscription ? Ricanons.

« De bonne foi je pourrais donc, et sans me tourmenter plus que ça, envoyer au Parlement un escroc, comme l’ont fait dans beaucoup de cas des dizaines de milliers de Français après les dernières élections législatives ?

« Qui serait le coupable ?

« Eh bien je réponds avec assurance : moi, vous et vous, sans contestation possible. Certainement pas le tribun. Il y a des généraux meurtriers parce que des soldats imbéciles refusent de s’accepter hommes et se préfèrent moutons. Si Adolf Hitler n’avait pas rencontré les complaisances des masses, il serait resté un superficiel dégoiseur de bistrot sans importance. Nous fabriquons, avec la légèreté qui caractérise les imbéciles indécrottables, nos idoles sanguinaires. Lorsque le vent de l’Histoire change de direction et que cela tourne au vinaigre, nous descendons en flèche nos maîtres, brisons nos idoles avec la bonne conscience des crétins satisfaits. Et, pour agrémenter notre vie monotone, nous accrochons nos rois déchus aux crochets des boucheries ; parfois, saisis de délicatesse, nous leur coupons simplement et proprement la tête. Gentils nous sommes.

« 93% d’entre nous sont viles, lâches et irresponsables. Ayons le courage de les reconnaître, de nous reconnaître. La République, cet attrape-gogos, a remplacé dans ses morceaux de bravoure les petits maîtres enrubannés par d’autres petits maîtres encore plus abjects. « Pousse-toi que je pose mes fesses là où jadis tu posais les tiennes. »

« - Alors vous ne votez pas, Asudam ?

« - Non. Mais je voterais bien pour le premier des quidams qui oserait gueuler à la face de la cohorte, à tous les hirsutes, son mépris le plus viscéral. Ça oui.

« Pourquoi tel leader de l’opposition actuelle lèche-t-il sans pudeur les pieds des Français qui ont pourtant maintenu par leur vote un régime honni ? C’est pas de ta faute, petit peuple chéri ; tu as été trompé, leurré, abusé, flablablablablabla.

« Mais bon sang de bon sang ! On ne rend pas service à la cohorte en la flattant ignominieusement ! Souvenez-vous, chers lecteurs, de ce que nous entendions dans un passé encore très proche ; ces propos dans la bouche des leaders de l’opposition : « Nous faisons confiance au peuple français, et nous ne doutons pas qu’il saura choisir clairement la politique de la France. Ainsi nous respecterons démocratiquement le bon choix des Françaises et des Français. » Bien. Résultat des élections : l’opposition prit sa dégelée. Comment pourrions-nous croire que les leaders de l’opposition tinrent compte des résultats ? Tous clowns, gugusses, jocrisses, baladeux. Beurk ! Zim tap boum !

« Ne croyez surtout pas que je me livre à la critique acerbe de l’opposition ou des oppositions. Oh que non ! Car lorsque la majorité présente sera dans les temps à venir la minorité d’opposition, dans les choux, nous assisterons à cette même démagogie qui donne aux gens de coeur et d’esprit l’envie de dégobiller. Les mêmes salades.

« Je me fous de la politique ! Mes amis et moi sommes des marginalistes, et nous ne croyons pas aux vertus socio-économiques des sciences politiques. Pour nous la politique est un jeu sans importance, le déchaînement des passions les plus bassement instinctives, la partie de dés pipés. Rien. La démocratie est un leurre, tout juste bonne à exploiter davantage les bovins qui y croient. Nous sommes donc apolitiques, et je vous défends bien d’en rire. »

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Cet article fut publié dans Actual-Hebdo n° 11 le 24 février 1973 sous la signature d’Asudam. Quelques mois plus tard, naissait la Nouvelle Droite française, association politique libre qui se voulait « l’héritière politique et philosophique des valeurs aristocratiques de l’Ancien Régime, sans pour autant se référer à un quelconque prestige nobiliaire et à l’hypostase théocratique. » (Cf. rubrique La pensée, article « Vers une nouvelle droite », 20 octobre 2013)