Micberth rend visite à Paul Belmondo la première fois le 8 juillet 1977. Il note alors sur son agenda : « Rencontre délicieuse avec Paul Belmondo, grand maître de la sculpture figurative. Avons décidé d’organiser une expo avec les sculpteurs qui depuis 50 ans ont été boudés par les conservateurs de musée. » Il retournera le voir à plusieurs reprises dans son atelier. «  Nous avions une très grande estime l’un pour l’autre, dira-t-il. Il avait souhaité faire mon buste et il est mort avant. »

A la mort du sculpteur, il lui rendra hommage (in « Révolution droitiste » n° 11, mars-avril 1982) :

Sur les bords du Styx

« Il est mort et j’ai du chagrin. Les mots sont des animalcules quand il s’agit d’exprimer l’Art. J’ai dit à Paul Belmondo combien je trouvais injuste qu’on le gommât des encyclopédies. Il m’a regardé avec ses yeux bleus étranges, si doux, si propres et m’a dit : « Que voulez-vous, je ne sais pas faire les bidules ! »

« La seule tache dans son antre de beauté était la couverture jaunie de Paris Match sur laquelle son débile de fils souriait sa juvénile connerie. Plus tard, Carton me confiait : « Belmondo eût aimé que Jean-Paul fît « le Français » ! » Déréliction certaine pour ce grand homme qui avait engendré une grenouille chamarrée.

« Je sais que Charon, en hommage, a exceptionnellement recouvert sa barque de fleurs, qu’il s’est rasé de près et a revêtu des habits neufs, au risque d’être banni à tout jamais du séjour des morts. Maître Belmondo méritait qu’on lui inventât un canal plus doux aux coques que le Styx et qu’on le présentât à l’éternité sur un tapis de lys. »

 Micberth dira encore son admiration et son affection pour « Papy Belmondo » dans La Lettre, en janvier 1985 :

« Paul aurait pu tordre de la ferraille, chier du plâtre à grandes truellées sur du calicot tire-bouchonné ou encore exposer une tonne d’anthracite ou le cadre rouillé de son vélocipède, bref faire des « bidules » comme il disait, et comme son fils, il aurait connu probablement fortune et gloire.

« Maître Belmondo a choisi le beau et le vrai ; élève de Despiau, il a voulu poursuivre l’oeuvre des sculpteurs figuratifs, au prix d’une incessante recherche et d’une rigueur exemplaire. »

 Après beaucoup d’atermoiements, le musée Paul Belmondo a ouvert ses portes à Boulogne-Billancourt, le 18 septembre 2010, avec 259 sculptures et moules, 444 médailles, près de 900 dessins, de nombreux carnets de croquis et travaux préparatoires, ainsi que la reconstitution de l’atelier de l’artiste.

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