A un lecteur qui lui demandait pourquoi il gardait une telle distance avec Le Pen ou les autres nationaux, Micberth répondit dans Révolution droitiste (n° 10, janvier 1982) qu’il se définissait comme « un internationaliste breton d’inculture francienne ». Il ajoutait que le petit monde de la droite française n’était guère peuplé. Entre autres, on y trouvait « Malliarakis et les solidaristes, sérieux, compétents, idéalistes, mais incompréhensibles pour nous, en particulier à cause de cette haine contre les Américains et de cette facilité déconcertante à jouer de la balaïka avec le gras du pouce, sans plectre. »

La réaction de l’intéressé ne se fit pas attendre. Micberth reçut un courrier de protestation qu’il publia dans le numéro suivant du journal (n° 11 mars-avril 1982) avec un commentaire : « Jean-Gilles Malliarakis m’écrit : « Je vous prie de noter mon incapacité totale à jouer de la balalaïka avec le gras du pouce, avec ou sans plectre. Le seul instrument de musique toléré chez nous est la cornemuse. Ne parlons pas du banjo que vous semblez porter aux nues, mais sur lequel, hélas, aucun arrangement de Jean-Sébastien Bach n’est possible. »

« J’adore l’écriture de J.-G. Malliarakis. Je parle bien évidemment du graphisme, qui m’avait déjà frappé sur l’adresse de son service, malgré le flou de la pierre humide (?) ou du procédé à la gazoline (!). C’est dire. On peut déplorer un poil d’agressivité dans la barre massuée des t et dans l’inclinaison droitière de l’ensemble de la composition, mais en ces temps de reptation institutionnalisée, un peu d’aiguillon ne nuit à personne.

« J’ai eu, jadis, le plaisir d’entendre « La Brabançonne », interprétée à la cornemuse par le petit-fils de Fr. Van Campentout, son créateur, et je m’étais dit in petto malgré mon inculture musicale, que l’hymne national belge ressemblait bougrement à la messe en « si » de Jean-Sébastien Bach. Quant au banjo, je ne l’ai vu pratiquer qu’en milieu psychiatrique par certains de mes malades, que nous appelions dans notre jargon « les poireaux ». L’enfermement prolongé conduisait ces pauvres bougres à se livrer à des actes contre nature avec cet instrument, et cela sans retirer – comme vous et moi l’eussions fait – les cordes en acier, d’où leur surnom de « poireaux ».

« Mais je bavarde, je bavarde. En m’attardant trop longtemps avec J.-G. Malliarakis, malgré le plaisir que j’y prends, des lecteurs au mauvais esprit pourraient toujours m’accuser d’aller trop me faire voir chez le Grec. »

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