De Martine, qui fait des vagues et les gros yeux ces jours-ci, j’en arrive à Pierre, qu’elle a remplacé à la mairie de Lille en 2001 et me revient en mémoire l’article que Micberth publia dans « Le Nouveau Pal » n° 15, en novembre 1982 (rubrique « En bref »). Le voici :

 

Nègre

 Je lis dans « Minute » (que voulez-vous lire d’autre en ce moment ?) que Pierre Mauroy vient de sortir un livre qui, en fait, aurait été rédigé par son conseiller Thierry Pfister.

Pfister me fait rire et cela depuis quelques années. Quatre cailles aux raisins ont misérablement grillé en l’attendant au château (NDRL : en Picardie, à 1 h 30 de Paris). Nous devions déjeuner ensemble. Pris dans un embouteillage, il me fit parvenir un télégramme pour s’excuser. Socialiste mais poli. L’un peut aller sans l’autre. Bref, point de Pfister et moi qui fulmine. En l’attendant, je me fais photographier pour la presse. Mais vraiment en rogne, car le conseiller de Mauroy avait oublié ce jour-là qu’à la campagne les postes n’ouvrent qu’à 15 heures et les télégrammes ne sont distribués qu’après.

Depuis, quand je tombe sur ces photos où je tire une gueule impossible, je souris avec attendrissement. Quelque temps plus tard, pour se faire pardonner, il invite Morelle à déjeuner. Petite phrase : « Oh ! Vous savez, les socialistes ne sont pas près d’arriver au pouvoir ! »

Et avec moi, avenue Félix Faure (NDRL : En 1979, au siège de la Nouvelle Droite française) :

Vous êtes socialiste...

Qui vous dit que je suis socialiste ?

Vous travaillez au « Monde »...

Pas pour longtemps encore. Je m’offre au plus offrant...

Allons, allons, vous plaisantez.

Non, non, je vous assure, chacun a son prix.

Je ne partage pas cette opinion qui ne vaut pas pour moi.

Sourire amusé de Pfister. Je reprends :

Quel est votre prix ?

ça, je ne vous le dirai pas !

Plus tard, je découvre dans « Le Nouvel Observateur » (NDRL : Nouvel Obs du 16 juin 1980), sous sa plume, qu’il me voit comme « un véhément colosse barbu », moi qui suis une sorte d’évanescence rose tendre, quelle idée !

Où je veux en venir ? Hé, hé ! C’est m’sieur Thierry Pfister qui, en 1979, déclencha dans « Le Monde » la vaste campagne de presse autour de la « nouvelle droite ».

C’est tout.

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NDRL. Thierry Pfister devait quitter « Le Monde » et rentrer au « Nouvel Observateur » en septembre 1979, donc très peu de temps après son buzz sur la nouvelle droite. D’où les propos tenus devant M.-G. Micberth. En 1980, il ne croyait pas du tout à la victoire des socialistes l’année suivante. Il rejoindra Matignon en mai 1981 et sera le conseiller du Premier ministre, Pierre Mauroy, jusqu’en 1984.