En mars 2014,
les archives départementales d’Indre-et-Loire rendaient accessible au public le
fonds 237 J regroupant des plaquettes de poésie publiées par
Cette année, pour la 18e édition du Printemps des poètes, de grands auteurs du XXe siècle seront célébrés dans tout le pays. La poésie ou « le dernier refuge de l’homme libre », selon l’organisateur de la manifestation, reste un genre littéraire important dans la société actuelle.
Alors, toujours vivante, la poésie ?
Micberth y fit
ses premiers pas à l’âge de 8 ans, en 1953. Ecrire est pour lui un moyen
d’exprimer ses émotions, ses bonheurs, ses chagrins et ses révoltes. Enfant
prodige en butte à l’incompréhension familiale, il a besoin de s’échapper d’un
monde étroit pour respirer, rêver et espérer. Il écrira des centaines de poèmes
et trouvera dans la poésie une voie qu’il suivra pendant une bonne quinzaine
d’années. En 1963, il fonde
M.-G. Micberth (1962-1963)
A propos du libéralisme poétique il écrit : « La liberté s’entend par l’expression exacte des vibrations internes du poète. Tous les êtres et particulièrement les artistes se considèrent dans leur monde subjectif comme des parias, des êtres néfastes, pervertis et le public les laisse avec raffinement dans ces conceptions toutes faites, dans ces attitudes stéréotypés. En prenant conscience que le monde intérieur de ses semblables est identique au sien, le poète libre exprime une réalité souvent immorale pour le commun des mortels. Le libéralisme crache sur ces frontières et se veut libre de tous préjugés. »
La plaie
aux chouettes qui s’enterrent
dans la nuit des grands arbres mauves
je cherche dans un fourré
des glands de sarcasmes
pour planter en ma vie fiévreuse
je rayonne le sentier
de mes longs pas de gouffre
et les armures scintillent
au reflet des trois lunes d’opale
un renard pour une haleine chaude
se désaltère au creux de mon flanc
du sang de la blessure
que tu m’as offerte
un soir de juin.
– Un coeur pour mille, 1964.
Dans son « Manifeste autobusiaque », Micberth explique : « En poésie, l’autobusiaque se différencie du poète de la tradition par l’exigence de son vécu. Il s’exprime vis-à-vis de l’expérience et adapte ladite expérience au figuratif d’existence qu’il perçoit.
J’imagine l’objet à décrire dépouillé de l’intention sémantique après avoir éprouvé SA FONCTION. Ce verre de vin rouge devient pour moi « un chien brûlé aux poils danois » ; je l’écris car je ressens de cette manière, mais je sais logiquement que c’est un verre de vin rouge.
Dans cette phrase, la métaphore devient
« efficience métaphorique ». L’intention n’est pas à l’original, mais
à la provocation à partir du symbole. Le risque d’ésotérisme s’annule par
En virgule
Ecrire
et te voir dissiper tout ça
avec un air de daphnie
parthénogénétique
j’ignore tes raisons
de buccinatrice
mais il faut bien me l’avouer
j’ai vachement mal
Et si tu voulais
barreauder avec tes passions
elles s’interpénètreraient
jolie chose
De cause à effet
c’est toi qui causes
ma toute jolie
Je prendrai mon vol
petite
tel un alphabet
et gare à toi, barotte
qui ne fais pas le poids
mon esprit désinentiel
potentiel de séductions
spirituelles
j’espère
vibrerait
tel Untel
le beau chemin illogique
et syntactique
de nos grandes traînées
tu sais en virgule
sur les murs du couloir
à la mère Menou.
– Autobusiaque, 1967.
En 1984,
paraîtra un recueil de poèmes intitulé « Les Pensées de l’escalier »,
composé de textes sélectionnés dix ans plus tôt. Une sélection sévère, puisque
beaucoup de textes n’ont pas résisté à la censure. Ils dorment dans les cartons
ou sont passés directement à la trappe. L’essentiel a été réuni, néanmoins,
pour faire revivre ces années en poésie où l’on distingue trois grandes
périodes : les poèmes de l’enfance et de l’adolescence (1953-1962),
l’époque du libéralisme poétique (1963-1966), les textes autobusiaques
(1966-1973). Au début des années 1970, Micberth écrira son roman « Le Pieu
chauvache » aux multiples aventures (relatées ici). Puis il se tournera
vers l’écriture pamphlétaire, où il excellera :
« Actual-Hebdo », « Le Nouveau Pal », «