Le Vénézuéla, l’ancien « paradis » d’Hugo Chavez, porte-étendard du socialisme latino-américain, est au bord du gouffre. Un pas en avant et... patatras ! A l’instar de notre cher Léautaud, devons-nous faire le désolant constat que « Le parti socialiste est partout le naufrage d’un pays » ? (L’aphorisme date de 1947.)
L’histoire se répète « encore et encore », comme
dit le poète. Ici comme ailleurs. Prenons le Chili, par exemple, pays latino, il
y a un peu plus de 40 ans. Et voyons ce qu’écrivait alors Micberth dans Actual-Hebdo.
Chie, lis ! C’t’un conseil...
Où Pinochet est une triste merde et Allende ne valait guère mieux !
« Depuis des années, je ne cesse de répéter sur tous les tons, que les Français sont de tristes cons irresponsables. On m’accuse de francophobie chronique et on a bien tort. J’en veux pour preuve les derniers événements du Chili, et je pose la question suivante : comment un leader politique français peut-il rester en place après avoir vanté fiévreusement le modèle chilien ?
« Je parle de M. Mitterrand qui a le génie de flotter depuis 20 ans, au-dessus des remous que provoquent ses irresponsabilités verbales. Les plus âgés de mes lecteurs se souviendront de l’affaire de l’Observatoire (pour la petite histoire, l’assassin Abel Dahuron est mon cousin par alliance), les autres de Mai 1968, et enfin, les derniers, de l’époustouflante proposition niaise du modèle chilien. Gageons que M. Mitterrand ne n’arrêtera pas en si bon chemin, et qu’une fois au pouvoir, si les cocos lui en laissent le temps, il nous aspergera quotidiennement de son jus de méninges frelaté.
« Il y a quelques années, notre directeur nous posait la question suivante : « Qu’y a-t-il de plus con qu’un Mitterrand ? » Devant notre silence embarrassé, il répondait : « Deux Mitterrand ! »
« Je me demande donc pourquoi M. Mitterrand ne répugne pas à montrer son bout de nez après l’effondrement de l’expérience de M. Allende. La réponse est claire : nous autres Français, vivons en démocratie, c’est-à-dire le droit pour nos hommes politiques de dire et de faire n’importe quoi, quels que soient les risques encourus par le bon et brave peuple qui, palsambleu, en a vu bien d’autres au cours de son histoire en dents de scie. Enfin bref, analysons plutôt les réactions de la presse française. Celle de droite se frotte les mains, celle de gauche hurle au fascisme, celle du centre déplore la mort du socialiste chilien tout en nous encourageant à tirer les conclusions de cette aventure pour que de tels faits ne se produisent jamais cheu nous.
« Pour nous à Actual,
il n’y a pas de plus grand crime que l’orgueil aveugle d’un monarque. La
démocratie chilienne était un leurre, une utopie. Une petite partie du peuple
chilien, naïve et courageuse, a fait confiance au roué Allende et à son
alliance contre-nature. Pendant une année au moins, le peuple chilien a crevé
de faim, et que reste-t-il aujourd’hui : des privations inutiles et
l’éloignement des libertés élémentaires (On ne redresse pas un pays avec de
l’anarchie ou du romantisme égalitaire). Ce pays riche avant-hier, le troisième
d’Amérique Latine, était hier au-dessous de tout, son seul exploit est d’avoir
battu le record de la vie chère. Aimeriez-vous, petits Français bouffards,
payer cet hiver près de
« Je ne vous le répèterai jamais assez : tant qu’il n’y aura pas une révolution des consciences dans un pays intellectuellement prêt à vivre cette aventure humaine, aucune société socialiste ne pourra vouère le jour, JAMAIS.
« D’autre part, aucune révolution n’apporterait le bonheur et la paix si elle se construisait sur des monceaux de cadavres. Moi et toi sommes prêts à tout sacrifier du peu que nous possédons pour le bonheur des hommes, mais tête de lard, tu sais comme moi que nous ne serons jamais suivis par le plus grand nombre. On nous propose une révolution en douceur, construite sur l’utopie marxiste, l’alliance des partis de gauche, mais merde, une révolution n’est jamais douce et les dirigeants seraient contraints de faire du capitalisme ouvrier. Je vois pas le changement, excepté que ce ne serait pas la même poignée de misérables qui boufferaient le gâteau. Je ne vois pas très bien la différence entre M. Pompidou et M. Mitterrand. On ne dirige pas un pays avec des contradictions fondamentales.
« Qu’est-ce qu’on en aurait à foutre qu’il n’y ait plus d’écoles, si l’enseignement demeurait aussi débile ? Qu’est-ce qu’on en aurait à foutre des routes, si notre vitesse était limitée et nos engins polluants des hôpitaux, si nous étions contraints de crever faute de véritables recherches scientifiques, des administrations, si à chaque guichet on se faisait frustrer et humilier ? Qu’est-ce qu’on en aurait à foutre des super moulinettes électriques, si les fruits et les légumes qu’on passerait dedans n’avaient plus aucune saveur ? Qu’est-ce qu’on en aurait à foutre de toute cette consommation qui nous affaiblirait musculairement, nous détruirait l’estomac, carierait nos dents, nous ferait pousser comme des triques, nous rachitiserait, ou nous ballonnerait comme des outres ? Qu’est-ce qu’on en aurait à foutre de ces parfums qui masqueraient la bonne odeur du savon de Marseille, de ces nippes démodées avant l’usure, de ces pavillons qui nous rendraient dépendants du Crédit foncier ou de Cétélem pendant 20 ans ? Qu’est-ce qu’on en aurait à foutre de tous ces attrape-couillons qui seraient là, paraît-il, pour nous aider à mieux vivre, de cette télévision, si jamais nous ne pouvions espérer y regarder les choses que l’on aime, de ces avions supersoniques qu’une toute petite élite utiliserait, de ce confort merdeux qui nous dégénèrerait d’année en année, et enfin qu’est-ce qu’on en aurait à foutre de la justice sociale si elle nous rendait complètement dépendants du pouvoir, allocations par ci, subventions par là, aide de ceci, aide de cela ? Si nous devenions dès l’enfance des quémandeurs, d’éternels bébés insatisfaits, nous préparerions à nos enfants et petits-enfants de belles générations de pleutres.
« J’as causé au conditionnel pour faire joli, mais tu peux tout reconvertir au présent.
« Cela dit, je ne crois pas à une révolution des consciences. Je la souhaite, mais je n’y crois pas. L’égalité intellectuelle ne sera jamais possible. On peut rendre con un individu, ouiche, certainement pas plus intelligent. L’intelligence ne se cultive pas comme la mémoire ou l’érudition. On naît intelligent ou on naît con. Un point c’est marre. Tu peux bourrer un oligophrène de savantes informations, t’en feras un toubib, un curé ou un ministre, mais ton zigue restera dramatiquement con. 90% des ouvriers sont ouvriers parce qu’ils sont cons. Jean-Jacques Rousseau l’a dit avant moi, il y a d’abord des esclaves et ensuite des patrons. Ce n’est pas Hitler qui a fait de son peuple un peuple criminel, c’est le peuple allemand qui a construit Hilter de toutes pièces. Le peuple a les Pompidou qu’il mérite. La démocrachie donne aux cons le pouvoir d’étouffer les intelligences. C’est d’autant plus atroce que l’intelligence ne choisit pas son milieu social pour naître. Les prolos donnent autant d’enfants rusés que les profiteurs. (...)
« Allende, qui ne lisait que sporadiquement Asudam, est mort idiot. Tout ça parce qu’il ne voulait pas grever le budget du Chili d’un abonnement à Actual-Hebdo. Tant pis pour lui. C’est au peuple de briser ses chaînes et non pas à quelques leaders sournois de lui monter la notice de fonctionnement. Devant les intérêts de fric, le seul moyen de s’en sortir est le courage à toute épreuve. Si vingt grandes entreprises françaises prouvaient leur volonté de se passer partiellement du capital, les structures archaïques de notre pays s’effondreraient, et les cons, les moutons suivraient les précurseurs. »
(Micberth-Eric von Asudam in Actual-Hebdo n° 35. Extrait de l’article paru le samedi 6 octobre 1973)