« Laissez-moi rêver. Il n’y a pas si longtemps, Marie de France écoutait chanter le laostic », écrit en 1983 Micberth, exprimant le souhait que « tout reprenne sa place »...

L’heure étant aujourd’hui à l’oubli et au déni de notre belle culture, d’aucuns préféreront écouter Grand Corps Malade. Quel poëte!

« Toute distance prise avec l’événement, toute tentative de lévitation, toute altitude prise par des hommes de sagesse et de bons sens, tout appel à l’effort, à l’intelligence, à la simple honnêteté, se marginalise et devient dérisoire. Par contre, tout ce qui rampe, grenouillle, circonvolue (On me reprochera ce néologisme, mais « circonvient » n’est guère beau et n’évoque pas grand-chose) ment, flatte, tout cela emplit considérablement l’espace de crédibilité des médias et se constitue en vrai de vrai palpable et historique.

« Ahurissant ! On croit dur comme fer aux couenneries des prévaricateurs, on réfute la logique, mieux, on la ridiculise et on la strangule pour de bon (la logique n’a pas le look glâaamour !).

« Impression étrange, pourquoi ? Tout simplement parce qu’en « matière » de sciences humaines, les règles qui, par ailleurs, régissent notre conception du bien et du mal, de l’utile et du superflu, du vrai et du faux, ici ne valent pas.

« Nous fuyons d’expérience le boucher qui nous vend de la viande avariée, le médecin qui tue un parent, l’ingénieur qui conçoit une mécanique récalcitrante, l’architecte qui nous laisse sur les gravats, la femme qui nous trompe, l’ami qui nous trahit, l’usurier qui nous vole. En politique, c’est l’inverse (également en philo, en socio, en histoire, etc.), plus le praticien est véreux et plus nous nous soumettons à sa coupable emprise. Plus il est creux et plus nous nous gonflons de son pathos ; plus il se trompe et plus nous allongeons son crédit ; plus il est indigne et plus nous l’honorons ; plus il claudique et plus, à longues foulés confiantes, nous lui emboîtons le pas. Inversement, quand un homme public parle d’or et qu’il parvient – avec grands mérites – à forcer le blocus des médias, nous le regardons horrifiés, au pire, comme on regarde une trace de diarrhée sur un sofa et amusés, au mieux, comme au théâtre de marionnettes tout en nous tenant les côtes à deux mains. Nous nous excusons d’avoir les lèvres gercées, sans quoi...

« Désolant ! »

(Micberth, préface à « Petite Somme contre les gentils »)

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