En novembre 1990, Micberth était interviewé par le « poémailleur » Jean-Claude Bessette pour le Pâle-Ici, journal idiot-actif des Hurons et des Francs-Tireurs, publié à Parthenay par le Cercle Bernard Palissy. Cet entretien, qui ne manque pas de piquant, revient sur l’anarchisme de droite, les principes aristocratiques, les droits de l’homme, la mesnie micberthienne, etc.

A la dernière question posée par le choeur des Hurons : « Quels conseils donneriez-vous à Janus Lapin, le plus jeune et le plus inexpérimenté de nos reporters, qui devra affronter dans son âge d’homme le XXIe siècle », Micberth répondra :

« Je ne donne pas de conseils généraux. Si Janus Lapin n’est ni beau, ni très intelligent, ni riche, et qu’il a, malgré tout, une volonté de puissance, alors qu’il se tue immédiatement. S’il est un con, il prospérera confortablement et dans cinquante ans, il vivra comme il vit aujourd’hui. Tout de suite qu’il se suicide, pour me faire plaisir, car il y aura encore et toujours des milliards de brouillons que je sens puer d’ici et un de moins, même un seul, me serait doux au coeur. Merci.

« Que dira-t-on à la multitude de l’an 2000 et plus ? On valorisera et excitera sa morgue populacière, on continuera à mentir pour fabriquer des électeurs fidèles. Allez hop, et encore plus de merdocratie, de médiocratie ! On leur claironnera qu’ils méritent d’avoir plus, toujours plus et d’en faire moins, encore moins. On leur fera croire qu’ils sont décisionnaires, des êtres à part entière, peut-être même des aristocrates : Vous êtes beaux, grands, responsables et je pique au passage vos suffrages.

«  Et ils crèveront sans même avoir été utiles à quoi que ce soit et à qui que ce fût. Sauf aux petits malins des nomenclatures et aux coeurs charitables qui trouveront encore là le moyen de donner un sens à leur lamentable vie si pleine de tendresse et de tolérance à offrir. 

« Si Janus Lapin devient un homme, fier, droit, courageux, indépendant, il comprendra que cette vie est extraordinaire à qui sait la vivre. Alors, il se repliera et construira son royaume aux dimensions de ses capacités et aux couleurs de l’espérance.

« Janus Lapin sera heureux, extraordinairement et souvent malheureux, mais il vivra debout et utilement.

« En attendant, un bon civet de Janus Lapin, avec un vin de Loire, des oignons tendres, un bouquet garni, du lard de salope et du sang de jeune socialiste, ça met en appétit et je concluerai sur ces immortels vers du poète :

Toi qui passes par Parthenay

Pense à cette gibelotte,

Qui vaut mieux qu'un bon civet,

Cuit avec des échalotes.

« Que serions-nous sans la poésie ? »

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Le Chemin vers la ville par J.-C. Bessette, artiste-émailleur, 1999.