La carrière de Jeanne Moreau en tant que chanteuse commence, on le sait, en 1963, avec un album de Serge Rezvani (alias Cyrus Bassiak) et la célèbre chanson « J’ai la mémoire qui flanche ». Quel rapport, me direz-vous, avec Micberth ? C’est que cette année-là, avec son ami Yves Boulay, il « monte » à Paris avec  « la ferme intention d’apprivoiser la Capitale » . « Ah ! folle et vaniteuse jeunesse qui ne doute de rien. » Il a quitté l’école Brassart de Tours avec perte et fracas. Il a dix-huit ans et possède de nombreux textes dans ses tiroirs, puisqu’il écrit des poèmes depuis une bonne dizaine d’années. C’est ainsi qu’il a été pressenti pour écrire des textes à la comédienne qu’il doit rencontrer à Paris. Peut-être est-ce à cette époque qu’il fréquente alors le Club des poètes créé par Jean-Pierre Rosnay : « Amis de la poésie, bonsoir ! » ? La Jeune Force poétique n’existe pas encore.

Toujours est-il qu’un rendez-vous a été organisé avec Jeanne et son parolier, auquel Micberth ne se rendra pas. Il s’en expliquera plus tard dans « La Lettre » : « Une petite D. que j’avais laissée au pays me télégraphia que son ventre était rond et qu’il me fallait rentrer dare-dare si je voulais lui éviter la fréquentation prématurée de Môssieur saint Pierre. Je sautai dans le premier train. Damned ! La fillette, qui s’ennuyait de moi avait trouvé cette triste ruse pour jouer de mon flutiau. Jeanne Moreau n’eut jamais le plaisir de chanter un de mes textes. J’avais su là une antienne que je fredonne encore dans la vie. »

La petite Dany C. en question était une ravissante brune aux yeux pers. Son mensonge ne lui fut jamais pardonné.

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