Dans la famille de Beauvoir, je demande Hélène, la sœur cadette de Simone, artiste-peintre de renommée internationale, auteur de quelque 3 000 œuvres : peintures, aquarelles, gravures, dessins, collages. Une exposition lui est actuellement consacrée au musée Würth (30 janvier au 9 septembre 2018), à Erstein, en Alsace où elle s’installa au début des années 1960. Elle habita et travailla dans le village de Goxwiller pendant près de 40 ans. C’est là qu’elle écrivit la délicieuse missive ci-dessous, destinée à l’auteur de « Micberth et le théâtre en question avec les dégagements autobusiaques » :

 

Cher Monsieur,

Votre livre « Micberth et le théâtre en question » m’a charmée la première fois que je l’ai lu. Je vous ai déjà dit qu’il me faisait penser à François Le Lionnais, fondateur du Collège de Pataphysique*, ce qui ne l’empêchait pas d’être un grand intellectuel.

 Je crois aux bienfaits du rire et de la dérision. Ils ouvrent une porte à la liberté. Lorsque votre livre a paru, la France était morose. Je suis sûre qu’à Tours, on l’a été beaucoup moins après votre spectacle. Il n’était évidemment pas fait pour les partisans de l’ordre moral.

 A 15 ans, j’ai écrit : « Si je deviens jamais un grand peintre, je voudrais qu’il y ait toujours dans mes tableaux un petit coin qui me fasse rire toute seule. J’ai retrouvé assez récemment cette phrase complètement oubliée, mais à laquelle j’ai été fidèle. Il faut savoir s’amuser en travaillant. Continuez.

Très amicalement.


Hélène de Beauvoir


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* Pour la petite histoire, Micberth s’était inscrit au Collège. Il reçut sa carte d’auteur quelques jours avant son grand départ...