Personnage et grande voix d'Europe 1, Hubert a tiré sa révérence ce 13 avril.

« Entre deux poignées de main, presque quarante ans se seront écoulés. La première, j'étais un gamin, poète de service à Europe 1. C'est André Arnaud qui me présenta Hubert. Il y avait là Vonny, Robert Willar, etc. La seconde, il y a deux ans à Autremencourt, après l'arrêt de son excellente émission Les Meilleurs de nuit », écrit Micberth. Leur première rencontre remonte en effet à l'année 1964, dans les couloirs d'Europe 1.

« Hubert Wayaffe (HUBERT pour les auditeurs d'Europe 1) a trente ans dans les années 68. Il est séduisant et notoire, l'ami des puissants, le confesseur des idoles. Lucien Morisse, quelques années plus tôt, en a décidé ainsi. Ce brillant jeune homme deviendra la figure de proue du beau navire de la jeunesse : désinvolture, tutoiement, flirt, liberté, écume et bulles, fêtes tourbillonnantes, etc. Europe 1 se veut la radio de la modernité ; elle est écoutée par la France dynamique, celle qui change le pays de fond en comble et dérouille aux décibels les vieux engrenages de la machine usée. »

C'est en 1996 que Micberth (sous le pseudonyme de Georges de Laon) retrouvera Hubert sur l'antenne d'Europe I dans Les Meilleurs de nuit, émission en direct destinée à instaurer un dialogue entre les auditeurs à partir de 0 h 30. Quelque temps après l'éviction d'Hubert (« jeté comme un malpropre d'Europe I par Jérôme Bellay »), les deux hommes se rencontreront chez Micberth qui proposera à Hubert diverses collaborations. Citons notamment la réédition de son roman, Le Cloche-coeur, par « fidélité du souvenir ». Micberth écrit : « Trente ans plus tard le roman (le récit ?) d'Hubert, écrit dans une langue qui n'a pas vieilli (avait-il lu Salinger ?) est un délicieux moment d'évasion et une curiosité littéraire. Ce retour vivifiant à notre jeunesse nous fait regretter cette insouciante gaieté des années 70 où seul le journal Hara-Kiri prônait joyeusement le nihilisme. »

De 2004 à 2007, à la demande de Micberth, Hubert interviewe une centaine de personnalités, chanteurs, comédiens, journalistes, écrivains sous le titre : Mes immortels, soit 200 heures d'une vaste anthologie sonore (qu'il utilisera pour animer sur Nostalgie l'émission hebdomadaire Dimanche soir chez Hubert). « Dans la chaleur de l’amitié, mais aussi avec cette franchise qui le caractérise, il a réussi l’impossible : mener, de bout en bout, des entretiens à cœur ouvert avec toutes celles et tous ceux (quatre-vingt-six) qui ont fait bouger artistiquement la France depuis près de cinq décennies. » Il enregistrera également sur CD les textes d'une quinzaine d'ouvrages publiés au Livre d'histoire dans la collection Histoire insolite des régions de France ainsi que Le Pieu chauvache de Micberth.

« Star de la radio dans les années 60 et 70, grand animateur de nuits festives à travers le monde et fou de musique comme ses amis Johnny, Distel, Salvador, Mitchell, Anthony, Barclay (...), Hubert Wayaffe est sans doute le meilleur connaisseur actuel du monde des spectacles et des médias. Son savoir n’est ni universitaire ni livresque, il l’a forgé dans le creuset du succès et dans les mille coulisses de la vie : le pionnier du talk-show d’aujourd’hui, c’était lui. Impossible de ne pas rappeler ici le formidable impact sur la jeunesse de l’époque qu’a eu sa présence, désinvolte et libertaire, au micro d’Europe 1, au moment où s’élaborait, sur de nouveaux rythmes et dans le seul plaisir de vivre, l’expression ludique de toute une modernité », écrit François Richard en 2003. Cette année-là, tel l'arroseur arrosé, il est interviewé pendant de longues heures par Micberth. « Ce sont bien des pages d'histoire qui seront feuilletées, si je puis dire, par les auditeurs et l'on est effectivement très loin de la légende d'Hubert Wayaffe, « cassée et magnifiée » selon vos propres termes, pour atteindre à une tout autre vérité : celle d'un homme singulier pour lequel la passion de la vie est première, l'émotion à la source de tout et l'art de séduire presque un sacerdoce », écrira François Richard en présentation du double CD (115 mn d'entretiens) qui en résultera.

Hubert est parti rejoindre ses « Immortels », une sacrée bande de potes qui sont nombreux à avoir quitté notre pauvre monde depuis 2007, le dernier en date étant Dick Rivers. Paix à leur âme.

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