« Onfray ne sait pas écrire. Autant est-il brillant à l'oral que chiant à l'écrit. Claude-Guy Onfray, son homonyme et mon ami, m'avait offert au siècle dernier le tout premier livre du « philosophe ». Le bouquin m'était tombé vite des mains : une momerie sans grand intérêt. J'écris philosophe entre guillemets, car je suis irrité qu'on qualifie de « philosophes » presque tous les professeurs des lycées et collèges qui enseignent des potaches et ont pondu un simple bouquin. On peut nommer philosophe celui dont la pensée originale a fait école et le tour du monde. Point.

« Cela dit, Onfray mène croisade contre Freud dont la plus grande singularité reste la mort douloureuse d'un cancer de la mâchoire. Triste fin pour le plus pertinent des escrocs du XXe siècle. En parcourant Apostille au crépuscule, j'étais amusé en songeant que Marie Bonaparte, la représentante de Freud en France et célèbre psychanalyste, avait posé son cul à l'endroit même où j'étais installé pour lire. Les descendants de Maria-Letizia Ramolino, mère de Napoléon Bonaparte, avaient occupé la propriété avant de me la vendre. » (NDLR : Micberth parle ici de Jacques Bréval, fils de Brigitte Ramolino de Coll'Alto.)

« Mais je m'écarte. En 1980, nous avions écrit Richard et moi, Révolution droitiste qui annonçait la mort de la philosophie (pp. 73-83). Et dix ans avant, j'avais hurlé dans le désert l'imposture freudienne. Bon point pour Onfray qui, grâce à sa grande notoriété peut esquinter la doxa freudienne, mais il lui faudra nettoyer son fonds de commerce et s'imposer la même rigueur pour en finir avec les dégoisements de la pensée culturelle. » (FB 2010)

Selon François Richard, en effet : « Non seulement un système philosophique représente toujours une immobilisation de la pensée, une structure d'artifice qui délimite un espace clos, mais son prétendu universalisme s'accommode fort mal des vérités individuelles. » Il ajoute : « L'histoire des hommes n'est qu'une longue épopée de la peur, et l'art et la philosophie sont un des cycles majeurs de cette épopée, un immense tremblement capté, mis en forme et institutionnalisé. »

« De tristes philosophes ont pénétré sur le terrain des idées, écrit Micberth en 1974 dans un article pour le journal « Minute » (curieusement censuré par Boizeau et Bousson), en plantant la bannière du bien vivre, du bien jouir. Spontanément, les combattants qui n'étaient que des hommes, ont déserté leur idéal, pour se vautrer aux pieds des tribuns de la facilité. (...) Les philosophes sont morts. Mais l'homme de tous les jours vit. Il n'a plus aujourd'hui qu'un seul désir : transformer son brouet en caviar, sans bouger un cil, sans se décider à renier le moindre de ses privilèges. »

De tout temps, il aura fustigé les hommes politiques, les médias, les intellectuels en général qui pervertissent le climat moral de notre époque. « Celui qui, au cours de son existence, a parlé juste et qui a été constamment confirmé par les faits, celui-là est un sage ; l'autre, le dégoiseur, est un ludion, quels que soient ses talents et ses charmes », déclare-t-il. « Toute distance prise avec l'événement, toute tentative de lévitation, toute altitude prise par des hommes de sagesse et de bon sens, tout appel à l'effort, à l'intelligence, à la simple honnêteté, se marginalise et devient dérisoire. Par contre, tout ce qui rampe, grenouille, circonvolue, ment, flatte, tout cela emplit considérablement l'espace de crédibilité des médias et se constitue en vrai de vrai palpable et historique. » Petite Somme », 1983)

Il propose alors de remplacer la philosophie, amour de la sagesse, par la philaléthie ou amour de la vérité, et d'aligner ses actes sur sa pensée. « Je me suis toujours considéré comme un philalèthe, jamais comme un philosophe », dira-t-il plus tard.

Alors, devant la faillite des idées, faut-il vraiment prononcer la mort de la philosophie ? Micberth écrira peu de temps avant son départ : « Sans aller jusque-là, quarante ans plus tard, je reste persuadé que la philosophie doit quitter les sciences humaines pour entrer dans la catégorie des arts d'agrément avec le dessin, la musique, la danse, la chiromancie, l'astrologie, etc. et ficher la paix à la pensée universelle. Avec l'âge, je supporte de moins en moins la jargonaphasie philosophique, pathos pesant destiné à enfumer le naïf, pour cacher l'ignorance du penseur. Jargonner latin n'a jamais rendu intelligent un diafoirus et donné plus vite la santé à un patient malade. » (FB, janvier 2013)


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