« Je cherche parmi vous des juges et je ne vois
que des accusateurs. » C’est ainsi que s’exprima Raymond de Sèze, l’un
des avocats qui défendit le roi devant
N’est-ce pas Robespierre qui dit : « Louis
doit mourir parce qu’il faut que la patrie vive » ? Qu’elle est jolie
notre patrie, avec ses yeux doux, sa barbiche de sous-officier, ses sabots
noirs et luisants et ses petits chefs assoiffés de puissance... A quand le
rétablissement de la guillotine pour punir les ex-présidents de
Micberth, qui eut maille à partir avec ses représentants, écrit en 1975 dans son épilogue à « Pardon de ne pas être mort le 15 août 1974 » : « Tout homme à qui l’on a confié une autorité artificielle évoque immanquablement le clown. L’autorité naturelle impose le respect ; l’autorité artificielle, les lazzi. Le port d’un uniforme, quel qu’il soit, en plein vingtième siècle, ne peut paraître que suspect. Il faut une sacrée dose d’inconscience et d’infantilisme pour se vêtir des oripeaux symboliques de l’autorité. Ne nous méprenons pas. Je ne remettrai pas en cause l’autorité naturelle, qui est légitime, mais celle que donnent la place, les diplômes, la promotion, à de pâles humanoïdes qui, sans les extravagances des principes républicains, n’auraient jamais pu prétendre à d’autre fonction que celle de valet de ferme. »
Le 1er décembre 1975, il refuse de se présenter devant la 16e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Paris dans le cadre de l’affaire des chèques Pompidou et s’en explique dans un communiqué envoyé à la presse :
Pour une justice apolitique
« Jadis, M. Mitterrand courait un steeple-chase improvisé « sous le feu » de mon cousin Abel Dahuron ; M. Marchais contenait sa fureur, « au profit du Führer » ; un autre enseignait l’abécédaire de la gérontophilie à de jeunes éphèbes ; celui-là perdait une jambe pour retrouver un équilibre ; patiemment, M. Valéry Giscard d’Estaing tressait les cheveux qui poussaient sur sa langue pour confectionner la corde à virer le vent de l’Histoire. Et tant d’autres...
« Curiosités des choses et des hommes de la vie politique en France.
« En tant
que leader d’un mouvement confidentiel,
« Le 15 août
1974, le centre de formation des cadres de
« Que me reprochait-on ?
« En vertu de l’article 460 du Code pénal, de receler dans les quinze tonnes d’archives classées au château du Ludaix, à Marcillat (Allier), quatre chèques vierges détachés d’un carnet ayant appartenu à M. Georges Pompidou.
« Ces
chèques m’avaient été envoyés, quelques mois auparavant, au siège d’un grand
hebdomadaire parisien (où je tenais une chronique polémiste sous la signature d’Eric
Asudam), par un jeune délinquant, drogué, qui se proposait de me faire des
révélations sensationnelles. Selon ses dires, une « officine »
gauchiste qui s’était infiltrée dans l’imprimerie de
« Je n’eus pas le loisir de vérifier d’aussi alléchantes déclarations, car pour des raisons d’éthique personnelle, je cessai toute collaboration avec l’hebdomadaire en question.
« C’est Mme Morcher, mon agent littéraire, qui quelques mois plus tard, piquée par une curiosité toute féminine, voulut reprendre l’enquête là où je l’avais laissée.
« Maladresse de la dame ? Précipitation des magistrats ? Indiscrétion ou prétexte pour mettre le nez dans les papiers d’un jeune mouvement ? Ces questions resteront sans réponse.
« Ce fut « l’affaire des chèques Pompidou », qui défraya la chronique (300 articles de presse environ) et me précipita la tête la première dans un océan de boue.
« Le monstre engendra un souriceau. L’enquête révéla qu’une gamine, vaguement gauchisante, pour « épater » ses copains, avait volé aux imprimeurs qui l’employaient un carnet de chèques destiné au président Pompidou. Un de ses amis, M. Delocty, écrivain amateur et drogué notoire, avait imaginé ce conte rocambolesque pour intéresser la presse à sa production. Un concours de circonstances avait rendu plausibles les inventions du mythomane. Mais après quinze jours d’enquête, la perspicacité du juge Le Caignec démêla, fort heureusement, l’écheveau. Je sortis de son cabinet avec une chaude poignée de main, un cigare offert par la magistrature penaude et la promesse d’un non-lieu.
« Malgré le désastre occasionné par une telle publicité, j’avais repris espoir. C’était bien naïf de ma part d’oublier qu’en politique il n’y a pas de beaux sentiments. C’était oublier les propos tenus à ma femme, désemparée, par un magistrat célèbre pour ses prises de positions extrémistes : « Tous les fascistes devraient être incarcérés. » C’était oublier que le 15 août 1974 j’avais été condamné à mort par une poignée de furieux. C’était oublier aussi que le juge qui prit la suite de M. Le Caignec me reprocha par l’injure mes prises de position contre la justice et, en particulier, l’article du 13 février 1974 publié dans « Minute ».
« Voilà pourquoi, quels que soient les risques encourus, je ne serai pas présent aujourd’hui à l’audience de la 16e chambre correctionnelle. Voilà pourquoi j’estime que les conditions requises pour un jugement sans passion, apolitique, ne sont pas réunies. Voilà pourquoi, enfin, je doute de la sérénité des débats ; la droite n’a pas bonne presse.
« Tous les juristes consultés affirment que je suis innocent en droit et en fait. Je ne tiens pas à faire les frais des connivences du Palais. Relaxe par défaut (les textes l’autorisent) ? Condamné ?
« Peu importe. Je préfère la prison dans l’honneur à la liberté dans la honte.
« Homme sain et sans ombres, j’attends de pied ferme les décisions d’un système qui s’humiliera en me contraignant. Le temps, la raison et l’intelligence sont les remparts naturels contre la médiocrité de convenance, le sel de la sincérité, l’espoir. » (Micberth, communiqué de presse du 1er décembre 1975)
Défendu par Me Georges-Paul Wagner, Micberth
obtiendra finalement sa relaxe après 5 ans de combat avec