Je découvre « Le blog d’un grincheux grave » que Besancenot voit comme un « blog pourri », ce qui, déjà, est bon signe... L’auteur, Ivan Roufiol, y exprime « un point de vue décalé, corrosif, impertinent, iconoclaste, totalement inique, subjectif et partial, rude souvent, paillard parfois, fréquemment stupide », dans la droite ligne de l’esprit micberthien que j’affectionne. Deuxième bon point. Cerise sur le gâteau (si je puis me permettre), l’agitateur (ils sont rares aujourd’hui) connaît ses classiques. Pour preuve ce coup de gueule à propos de la nouvelle répartition des régions. La Picardie : ‘a pus ! Merde alors ! Et là, je découvre cette citation de Micberth devenue culte : « Nous aimons les nègres intelligents, les Juifs intelligents, les Picards intelligents, etc., bref, l’homme intelligent. Nous chions sur le reste. » (Micberth. La Lettre, 1986). « Fanatique »  comme vous me connaissez (si, si !), je suis tout aise. Pour un peu, je hocherais ce cher Ivan.

Il est vrai que cette formule micberthienne résume beaucoup de choses sur le racisme et la bêtise (Lire et relire ici les articles « Vers l’obscurantisme », « Ainsi fa, fa, fa... » ou encore « Racisme et compagnie »). Mais qui plus est, Micberth, Breton et Angevin d’origine, né en Touraine, vécut 37 ans en Picardie, une région bien loin de chez lui qu’il apprit à aimer : Omiécourt (dans la Somme), tout d’abord, où il arriva par hasard, puis Autremencourt (dans l'Aisne, aux confins de la Thiérache), qui l’attira dans ses rets et où il s’éteignit trop tôt, beaucoup trop tôt.

« Je marche dans la plaine picarde et j'ai froid au coeur. La brume jointoie le ciel et la boue. Je suis lourd et le choc mou de mes talons résonne dans ma nuque. Oppressé, je suis, par le bloc de béton armé que la vie, jour après jour, a coulé dans ma poitrine. Partout le futile, le nul, le désespérément salaud, la trahison. Mes frères corbeaux volent autour de ma tête et me tressent une couronne noire. (Micberth. La Lettre, 1986)


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Coucher de soleil sur la plaine de Toulis (Photo Annick Morel)