Lorsque la première chaîne de télévision allemande
nous sollicite par lettre en décembre 1981 pour participer à une émission sur
le thème : « L’opposition nationale en France après l’arrivée au
pouvoir de François Mitterrand et l’installation de la coalition
socialo-communiste », c’est avec plaisir que nous répondons à
l’invitation. L’émission doit être réalisée par Marline Krebs, le Dr Patrick
Moreau étant habilité à « prendre les contacts nécessaires à la
préparation des interviews et du synopsis de cette émission ». Alors
chargée du service de presse de
Dans sa lettre, la télévision berlinoise précise :
« Cette émission, composée d’interviews des responsables ou animateurs des
forces parlementaires (partis, groupes et mouvements disposant ou non d’élus à
Lorsque l’équipe débarque pour le tournage, l’ambiance n’est pas vraiment sereine. Je suis morte d’angoisse, ne sachant trop qui à qui j’ouvre la porte. Patrick Moreau est là, énigmatique (béret sur la tête, petites lunettes rondes cerclées d’acier. Pas vraiment le look baba cool). De plus, il fait un froid de gueux (Nous sommes en Picardie, hé, hé). Jusqu’au dernier moment, j’ai proposé à M.-G. Micberth de tout annuler mais il a refusé. Alors, pour me rassurer, tout le temps de l’interview, il aura un revolver caché sous le coussin de son fauteuil. Précaution sans doute inutile, mais... Le tournage se passera très bien, et la journée se terminera fort tard, autour d’une table, à boire force pintes d’un mélange de bière et d’eau-de-vie (de toutes natures : pomme de terre, blé, poire, cerise, prune, pomme, raisin...). Micberth, stupéfait, épuisera toutes ses réserves d’alcool pour étancher la soif germaine.
La diffusion de l’émission sur la première chaîne de télévision allemande, d’abord prévue début juin, sera repoussée au 25 juin 1982, en raison du Mundial, ce qui ne laissera pas d’énerver Micberth. Pour preuve, le texte ci-dessous :
Hans et Greta
« J’ai
contraint ma secrétaire à me labourer la poitrine de ses belles mains
manucurées. Signe de désespoir. Les halls de
« Devant une équipe boche secouée de frénétiques frissons de ravissement, j’avais, face aux caméras, fait sauter à l’aide de ma winchester les trognes en latex de Mitterrand et Marchais.
« Puis, plus tard, devant un feu de cheminée, calé dans un fauteuil Louis XV (pas d’époque, hélas !), un verre de Perrier d’Epernay à la main, j’avais fait l’intelligent en expliquant doctement, par le menu, les grandes idées qui agitent le monde.
« Tout comme en France, les programmes allemands ont choisi de différer les émissions politiques au profit des retransmissions du Mundial. Je ne sais si je dois m’en réjouir ou m’en plaindre. Mes clowneries ont pu inspirer la réalisatrice allemande qui m’a peut-être présenté aux téléspectateurs allemands comme un vrai gugusse. » (Micberth in « Le Nouveau Pal » n° 15)
Quelques semaines plus tard, l’enregistrement de
l’émission complète sur cassette vidéo nous parviendra. Stupeur ! D’entrée
le commentateur annonce la couleur : « Pourquoi cet engouement
soudain pour l’extrême droite ? » Sont interviewés Mgr Ducaud-Bourget
(catholique tradi), Pierre Sergent (para), divers dirigeants et militants du
Front national, de l’Oeuvre française, du Parti des Forces nouvelles, du GRECE,
M.-G. Micberth étant le dernier à intervenir au nom de
Ou comment, en bon média, on peut grossièrement manipuler le téléspectateur !
Nous nous sommes souvent demandé pourquoi le Prof. Dr Patrick Moreau était venu interviewer Micberth, pour qui il travaillait. Après réception de la cassette, je n’eus aucune possibilité de le joindre à nouveau (pour le « remercier ») : il répondait aux abonnés absents. Aujourd’hui, Internet me donne quelques éléments de réponse. Docteur en histoire et en sciences politiques, directeur de recherche au CNRS, le jeune homme est devenu un politologue distingué, passionné par l’extrême droite, auteur de nombreux livres sur le communisme et les extrémismes en Europe. On le trouve aussi sur European-security.com. Tiens, tiens...
« Konservativ oder radikal » sur Dailymotion
Interview de M.-G. Micberth diffusée sur ARD le 25 juin 1982