C’est en prison, à Fresnes, que Micberth rencontra Robert Badinter en août 1974, lors de l’affaire des chèques Pompidou. Il écrit dans Pardon de ne pas être mort le 15 août 1974 :

« J’avais, pour ma part, choisi maître Badinter, choix que mes amis politiques me reprochèrent, en raison des engagements de cet avocat. Mais, comme malheureusement l’intelligence se trouve plus communément à gauche qu’à droite, j’étais contraint à ce choix. (Le terme de « droite » a été bien souvent galvaudé. Aujourd’hui, les radicaux, les réformateurs, les centristes, les républicains indépendants, l’UDR, etc. sont dits de droite. Dans ces conditions, où suis-je ? Car pour moi, tous ceux-là sont des progressistes exécrables, des libéraux au sens cucul du terme. Cette droite-là ne me convient guère et je préfère les hommes qui se recommandent d’une pensée plus nette, moins avachie.)* Maître Badinter me fit savoir qu’il acceptait de me faire sortir de prison, mais qu’il refusait catégoriquement de me défendre. Pour lui, mon honnêteté importait peu. J’avais travaillé à Minute ; j’étais donc un « facho ». Ma femme, consciente que nous n’obtiendrions rien de ce ténor du barreau, consulta le comité de soutien qui, sur la recommandation d’Alain Camille (NDRL : A.D.G.), lui conseilla maître Luciani. Je ne vis qu’une seule fois cette femme qui ne cessa, pendant mon audition dans le bureau du juge Le Caignec, de me lancer des coups de pied, sous prétexte que mes propos ne convenaient pas à l’austérité de ces lieux. »

L’échange avec maître Badinter fut sans doute particulier. Micberth donnera quelques précisions dans le journal Révolution droitiste (Article « Du côté de chez zouave », n° 8, septembre 1981) :

« Badinter était venu me voir en 1974. J’étais alors dans le cul-de-basse-fosse que l’administration post-pompidolienne m’avait – comment dire ? – confectionné. Je reproduis approximativement ses paroles : « Je ne partage pas vos idées, mais si vous deviez rester incarcéré trop longtemps dans ces conditions, je n’hésiterais pas à venir vous délivrer avec des amis. »

« Fanfaronnade de vedette. Peut-être. Mais je ne manquerais de lui faire tinter aux oreilles ses glorieuses promesses, si d’aventure son sénile collègue de l’Intérieur venait à s’intéresser de trop près aux activités « anti-françaises » que j’anime depuis le berceau avec la ténacité et la mauvaise foi que l’on me connaît. »

*NDRL. Cette phrase entre parenthèses, qui figure sous forme de note dans le texte d’origine, apporte une précision capitale sur la notion de « droite » chez Micberth pour le lecteur qui n’aurait pas compris : « l’intelligence se trouve plus communément à gauche qu’à droite ».

Le dessin ci-dessous fut réalisé par Micberth à Fresnes (cellule 1/355), avec les moyens du bord, le 19 août 1974 et envoyé à Cavanna... pour qu'il bouge.

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