On sait que Micberth fit ses premières armes de reporter en 1957 (Il a alors 12 ans). Coiffé d’une casquette rouge portant l’inscription « Presse », muni de son appareil photo, il couvrit plusieurs matches de basket pour La Nouvelle République à Tours. Cependant, le journal ne retiendra que quelques lignes (non signées) de ses quatre pages de compte rendu. Je ne peux malheureusement dater l’anecdote qui suit. Nous sommes sans doute au début des années 1960. Pour la bio de Saint-Granier, je vous renvoie à Internet tout en soulignant qu’il a produit le premier radio-crochet en 1936. Le gagnant recevait alors 1 000 francs et un coffret Monsavon, sponsor de l’émission sur Radio-Cité, ce qui n’était pas rien...

 

« Qui connaît de nos jours Saint-Granier ? De son vrai nom, comme l'on dit, Jean de Granier de Cassagnac (1890-1976). Célébrissime personnage avant les années 60, il aura fait tous les métiers, entre autres : auteur-compositeur, scénariste, chanteur, créateur de revues, scénariste de cinéma, homme de radio et de télé (très peu), journaliste. Les plus séniles d'entre vous se souviendront de « Ploum ploum Tralala » voire des débuts de « La Famille Duraton ». Plus haut, impossible, il ne reste plus que de la poudre d’os et deux ou trois cadavres de rats...

« C’est la peur au ventre que, gamin, je suis parti l'interviewer. Croix et bannière pour obtenir un rendez-vous, on s'en doute : il était Dieu je n'étais rien. Il me fallut des renforts. Deux gamins m'ont accompagné. L’un portait un enregistreur « Philips », tout pétrole, d'une trentaine de kilos ; l'autre le regardait faire avec une grande admiration et un peu de bave aux commissures. Et moi je faisais des efforts pour ne pas chier dans ma culotte.

« — Qui êtes-vous, Monsieur ?

« — Micberth.

« — Le vrai ?

« — Oui monsieur...

« Il se foutait franchement de ma gueule. En jonglant entre ses doigts avec une sorte de « scoubidou », il me faisait comprendre que le long voyage qu'il venait d'effectuer à travers la France, l'avait totalement épuisé. Et que ça serait « formid’ » qu'on se revît demain.

« Le lendemain nous sommes revenus tous les trois. De Saint-Granier, point. Mais son fils Jean, sorte d’entorse, entouré d'animaux tristes, tous clowns, certes notoires (dans les cabarets parisiens) mais de nul effet sur ma vanité et pour le plaisir de mon auditoire. Consciencieusement, j'ai questionné ce petit monde pendant deux heures. J'ai monté mon émission pour en tirer une piètre demi-heure (à cette époque, il fallait couper les bandes au ciseau et scotcher patiemment les petits bouts).

« Je suis reparti chez moi en sifflotant, en tirant sur ma clope, et en me demandant si le « Philips », tout pétrole, je n’aurais pas mieux fait de me le carrer bien profond dans le fion.
Ce soir-là, j'avais perdu et pour la vie, toute vanité inutile. »

(Micberth sur Facebook, 1er février 2013)

 Saint_Granier_par_Charles_Gir.jpg