Dans les années 60-70, Micberth appelait de tous ses vœux « la révolution des consciences ». Il écrivait en 1977 : « Nous devons gommer de nos mémoires ces cinquante dernières années et réapprendre à vivre ». Il s'en est allé le 19 mars 2013 et sa clairvoyance nous manque cruellement dans ce monde qui n'a plus ni queue ni tête. Une fois n'étant pas coutume, rendons-lui hommage avec l'un de ses textes, en ce nouveau Printemps des poètes, dédié cette année à la beauté.

Après la représentation

Je ne joue plus

je rends mes billes

la suite n'est plus pour moi

je dois partir

ou rester

cela revient au même

l'orientation

J'avais eu la délicatesse de croire

j'ai la honte de croire encore

et de rêver

rêver qu'une gloire s'acquiert

à coup de vérité

à coup de croyance

Une douche froide brûle mes os

« la camisole du poète »

je ne vibre plus devant

le cristal d'une larme

de pluie-femme

je ne descends plus les marches

avec cette sensation de vertige

qui m'obligeait à voir en moi

Je rends la poussière par tonneaux

et je me secoue au diable

lequel au fait

Dieu que la vie pousse

Dieu que les temps changent

et change aussi

le goût du sel

que ma langue savoure à tous moments

L'esprit frappeur a frappé

Médium de ma propre frayeur

je m'écoule seul

sans applaudissements

sans gloire

dans les bras doux et chauds

de ma compagne

triste et belle fin

                               Micberth, 1967.

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